En Allemagne, la grève chez Volkswagen monte en régime

Plus de 100 000 salariés de Volkswagen ont décidé de faire grève ce lundi 9 décembre. Les records de la mobilisation de la semaine précédente sont pulvérisés. Les travailleurs de la plus grosse entreprise industrielle du pays sont vent debout contre les projets de fermetures de trois usines en Allemagne et de baisse des salaires de 10 % avancés par la direction du groupe.

« Si nécessaire, nous allons nous diriger vers le plus dur combat, du jamais vu chez Volkswagen » lançait Oliver Dietzel, responsable IG Metall du Land de Hesse, devant quelque 8 000 salariés de l’usine de Baunatal près de Kassel (Basse-Saxe). Dans l’après-midi de ce 9 décembre, les parties syndicale et patronale devaient se réunir pour examiner le contenu d’un éventuel accord tarifaire (l’équivalent de nos conventions collectives) pour la période qui débute dès 2025.

Cette rencontre s’annonçait particulièrement rude et son résultat, inconnu encore à l’heure où ces lignes étaient écrites, devrait avoir toutes les peines à contenir une ébauche de compromis, tant les positions du patronat et du syndicat IG Metall semblent inconciliables. Y compris dans l’entreprise phare – autrefois – du modèle du partenariat social et de la cogestion.

Un programme de « réduction drastique des coûts de personnel »

Face aux reculs enregistrés par la firme fleuron du groupe sur les marchés de l’automobile européen (- 1,2 %) et surtout chinois (- 5 %), le tout premier de la planète, le syndicat avance son propre plan d’économie et de relance de l’entreprise. Il exige le maintien en activité des trois usines visées par la fermeture et propose que l’augmentation de quelque 5 % des rémunérations – du même niveau que celle obtenue par le reste de la métallurgie – soit « versée provisoirement » par les travailleurs dans un fond de sauvegarde.

De quoi permettre à VW d’investir pour combler « les très dommageables décisions imputables au management de ces dernières années ». De terribles retards ont ainsi été pris sur le développement des véhicules électriques, en raison de l’implication de la direction de VW dans le dieselgate, cette arnaque aux vrais faux moteurs à explosions propres, mise au jour il y a près de 10 ans.

Comme le révéla, à sa manière, cette retentissante affaire, la direction du groupe s’est alignée sur un mode de gestion de plus en plus financiarisée, en pleine adéquation avec les critères de rentabilité du capital. Et quand Volkswagen enregistre encore quelque 1,5 milliard d’euros de bénéfices en ce 3e trimestre 2024, ce résultat est devenu proprement insuffisant aux yeux des gestionnaires financiers du groupe, pour satisfaire les appétits des actionnaires en termes de dividendes ou d’évolution de la valeur du titre boursier. D’où l’avancée d’un programme de « réduction drastique des coûts de personnel ».

Par la voix de la secrétaire du conseil d’entreprise, Daniela Cavallo, IG Metall répond que si une adaptation de l’entreprise et un rattrapage sont nécessaires, « c’est aux principaux responsables des difficultés d’aujourd’hui, ses grands actionnaires, comme les familles Porsche et Piëch, qui ont engrangé des centaines de milliards d’euros de profits durant ces dernières années, de contribuer le plus significativement » à cet effort de transformation.

Le « modèle allemand » en question

L’affrontement de classe au sein d’un « modèle » censé garantir une concertation et une conciliation permanente entre le capital et le travail, resurgit ainsi sur le devant de la scène. Avec d’autant plus de forces que le modèle en question est aujourd’hui, en général, singulièrement malmené, puisque moins d’un salarié allemand sur deux est encore « couvert » par un accord tarifaire de branche (convention collective) négocié entre patronats et syndicats.

Le bras de fer devrait durer au moins jusqu’à Noël anticipent la plupart des observateurs. Le chancelier Olaf Scholz, en campagne pour l’élection anticipée du 23 février prochain, a demandé à la direction du groupe de « faire preuve de responsabilité en ne supprimant aucun des 3 sites visés ».

Une position bien singulière pour la tête de file du SPD, quand on sait combien il n’a pas ménagé ses efforts, aux côtés des ex-chancelier Schröder (SPD), puis Merkel (CDU), en faveur des fameuses réformes « Hartz » de dérégulation du marché du travail. Lesquelles ont mis à mal les accords tarifaires (conventions collectives) et leurs acquis tout au long des deux dernières décennies.

De son côté, Ines Schwerdtner, la nouvelle coprésidente de Die Linke, dénonce « l’insupportable arrogance du patronat de Volkswagen » et soutient le plan alternatif de relance et de transformation proposé par le syndicat IG Metall.

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