Génocide à Gaza : la question des otages se rappelle au mauvais souvenir d’Israël

Ils apparaissent affaiblis et amaigris. Depuis jeudi dernier, le Hamas et le Jihad islamique ont publié trois vidéos de deux otages israéliens visiblement décharnés. Ce n’est pas la première fois que les organisations islamistes instrumentalisent les captifs enlevés le 7 octobre 2023 pour faire pression sur la société israélienne et son gouvernement.

Il est, cette fois, aisé de dresser le parallèle entre le sort de Rom Braslavski (21 ans) et Evyatar David (24 ans), et celui de tout un territoire qui s’enfonce dans la famine. Comme un miroir tendu.

Israël mis sous pression par le Hamas et le Jihad islamique

Reste que la mise en scène infligée aux deux ressortissants israéliens choque à raison. « Je ne mange que des lentilles et des haricots », déclare Evyatar David, qui précise ne pas avoir mangé durant des jours et avoir le sentiment d’« avoir été abandonné ».

Dans la vidéo, l’image d’un sablier semble signifier que le temps presse si Israël entend parvenir à une solution pour libérer les otages.

« Nous sommes contraints d’assister à la vision de notre fils et frère bien-aimé, Evyatar David, affamé délibérément et cyniquement dans les tunnels du Hamas à Gaza – un squelette vivant, enterré vivant », déplore sa famille dans un communiqué.

Benyamin Netanyahou « consterné »

Le premier ministre israélien – dont la folie génocidaire et l’entreprise d’anéantissement total de Gaza n’envoient aucun signe de volonté de retour des otages – s’est dit « consterné » par les vidéos diffusées par les deux organisations palestiniennes.

Toute honte bue, et alors que le déblocage partiel des voies de passage et le largage déshumanisant de denrées par des pays tiers ne suffisent à couvrir les immenses besoins de la population, Benyamin Netanyahou ose : « Alors que l’État d’Israël permet l’entrée de l’aide humanitaire pour les habitants de Gaza, les militants du Hamas affament délibérément nos otages et les filment de manière cynique et odieuse. Les militants du Hamas affament également délibérément les habitants de la bande de Gaza, les empêchant de recevoir l’aide, et font écho à une campagne de propagande mensongère contre Israël. »

Ce 2 août, des dizaines de milliers de personnes se sont une nouvelle fois rassemblées à Tel-Aviv pour exiger le retour immédiat des détenus israéliens. Sur 251 personnes enlevées, 49 restent retenues dont 27 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.

La communauté internationale demande le désarmement du Hamas

La réponse de Benyamin Netanyahou est d’autant plus indigne que, dans la seule journée de samedi, 32 Palestiniens ont été tués par de nouveaux tirs et bombardements israéliens, dont quatorze attendaient de l’aide, selon la défense civile de l’enclave. Un employé du Croissant-Rouge palestinien a par ailleurs été tué et trois autres ont été blessés dans une frappe israélienne ayant visé le siège de l’organisation à Khan Younès (sud).

Vendredi, l’envoyé spécial des États-Unis dans la région, Steve Witkoff, s’est engagé à augmenter l’aide humanitaire à Gaza, lors d’une visite inédite dans le territoire. Le Hamas a immédiatement dénoncé une « mise en scène (…) visant à (…) fournir une couverture politique à la campagne de famine en cours et au meurtre systématique de civils innocents ».

Les vidéos du Hamas ont fourni un prétexte aux diplomaties étrangères pour demander à l’organisation de « déposer les armes et mettre fin à son règne sur Gaza », à l’instar de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.

Le 29 juillet dernier, dix-sept pays, dont l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte, faisaient de même dans une déclaration jugée historique qui condamnait, pour la première fois, l’attaque du 7 octobre 2023.