Le déplacement d’Emmanuel Macron en Pologne s’inscrit dans une accélération diplomatique autour de la guerre en Ukraine. Le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, à partir du 20 janvier, a brusqué la nécessité de négociations. Le milliardaire a multiplié les rencontres avec sa nouvelle administration pour aboutir à un « deal ». « Mettre fin à la guerre en Ukraine apparaît de plus en plus comme une priorité absolue pour Donald Trump », note le New York Times. Le président ukrainien craint le virage diplomatique pris par Washington avec le président républicain, et cherche à maintenir des soutiens européens. Avant ce potentiel changement, Volodymyr Zelensky veut continuer à s’appuyer sur la Pologne, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni.
Le président français s’est rapproché de son homologue ukrainien, ces dernières années, pour s’afficher comme un allié important, avec l’accord bilatéral de sécurité signé en février 2024. Les nombreuses visites de Volodymyr Zelensky en France illustrent cette convergence. Emmanuel Macron veut apparaître comme un des acteurs clés du dossier et profiter du désengagement possible des États-Unis. La venue, le 7 décembre, en marge de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, de Donald Trump et du dirigeant ukrainien confirme cette stratégie.
Un nouveau contexte transatlantique
Plusieurs diplomates attestent d’une volonté d’aboutir à un dialogue dès cet hiver. Parmi les interrogations, les garanties de sécurité concomitantes de l’Ukraine (entrée dans l’Otan) et de la Russie (neutralité de Kiev) apparaissent les plus complexes à trancher. Depuis l’invasion russe en février 2022, la destruction d’une partie de son pays et des infrastructures, 700 000 pertes (morts, blessés, disparus), l’annexion de 20 % du territoire, Kiev attend des engagements clairs.
Les déclarations de Volodymyr Zelensky, ces dernières semaines, laissent entrevoir des concessions pour « une paix que les Russes ne pourront pas détruire en quelques années », avait-il annoncé mardi. Il réclame à ses alliés de « ne pas fermer les yeux sur l’occupation », même si Kiev renonce temporairement à récupérer tous ses territoires.
L’Europe doit jouer pleinement son rôle pour Emmanuel Macron dans ce « nouveau contexte transatlantique ». Avec le premier ministre polonais, Donald Tusk, un point a été réalisé sur le « soutien européen » avant le sommet du 19 décembre, à Bruxelles. « Nul ne peut discuter pour les Ukrainiens en leur nom des concessions à faire, des points à porter », a ajouté le chef de l’État.
Selon le journal Rzeczpospolita, les deux pays travailleraient sur le déploiement d’une force de maintien de la paix de 40 000 hommes. D’autres responsables doutent de cette démarche qui devrait dépendre des Nations unies ou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Les plus atlantistes proposent des troupes européennes sous le format de l’Otan. Pour Arnaud Dubien directeur de l’Observatoire franco-russe, sur X, « sans surprise, la perspective d’un déploiement de soldats européens en Ukraine, après la fin du conflit, suscite des réactions très hostiles à Moscou. En substance : « Mieux vaut continuer. » »
Sur le terrain, Moscou pourrait user à nouveau du missile balistique de moyenne portée – Orechnik – alors que les troupes russes continuent d’avancer autour de Pokrovsk et de Toretsk, dans l’est du pays. Un rythme qui inquiète le Financial Times, si l’avancée gagne Dnipropetrovsk, « cela marquerait la première brèche dans une nouvelle région depuis 2022 ».
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