« Nous avons traversé des choses que personne ne peut imaginer » : à Jinwar, la vie retrouvée des anciennes esclaves sexuelles de l’État Islamique
Dirbêsiyê (Kurdistan de Syrie), envoyée spéciale.
Les façades blanches des maisons au bâti de terre émergent au milieu des champs nus. Chaque seuil est fleuri de rosiers ; à l’ombre de jeunes arbres, des potagers alignent choux, salades, plants de pommes de terre flétris par un froid glacial. Sur les fils tendus dans ces jardins, le linge peine à sécher.
Un ouvrier repeint les murs de la cuisine collective ; sur le toit, des panneaux solaires préservent Jinwar des coupures d’électricité. Dans le district de Dirbêsiyê, au Rojava, cette commune de femmes a vu le jour en 2017, à l’initiative des militantes de la coalition féministe Kongra Star, pour offrir un refuge aux femmes fuyant la guerre et la fureur djihadiste, mais aussi aux veuves, aux femmes divorcées mises au ban par leur famille et par une société que façonnent toujours de sévères mentalités patriarcales. La quiétude de ce village, son atmosphère de sérénité offrent une parenthèse enchantée dans le chaos syrien.