* Prieur du couvent du Caire et membre de l’Institut dominicain d’études orientales.
LE FIGARO. - Votre dernier livre est consacré à la grâce. Comment la définiriez-vous ? Pourquoi tous les théologiens peinent-ils à s’accorder sur une définition commune ?
Adrien CANDIARD. - Le terme même de « grâce » peut nous sembler un peu suranné, mais il désigne quelque chose d’essentiel : l’amour premier de Dieu, offert avant tout effort de notre part. « Grâce », cela veut dire gratuit, donné sans rien en échange. C’est un peu déstabilisant, car nous sommes bien plutôt habitués à acheter ou à mériter. C’est peut-être pour cela que tout au long de son histoire, l’Occident s’est déchiré sur la question de la grâce : si Dieu nous aime gratuitement, pourquoi nous donne-t-il des commandements si difficiles à réaliser ?
Depuis saint Augustin dans l’Antiquité jusqu’au XXe siècle, en passant par la Réforme ou le jansénisme, c’est un débat qui hante toute notre histoire intellectuelle…