Une enquête ouverte après un discours dénonçant un « génocide contre le peuple palestinien » lors de la Berlinale
Nouvelles polémiques à la 75e Berlinale, rappelant celles de l’année passée. La police allemande de sécurité de l’État, compétente en matière de crimes politiques, a ouvert une enquête mardi après un discours de l’acteur iranien Erfan Shekarriz, lu par le réalisateur Jun Li lors d’une soirée à la Berlinale, accusant l’Allemagne de soutenir le génocide contre le peuple palestinien.
L’incident a eu lieu à l’institution éducative Urania, où le film Queerpanorama a été projeté dans le cadre dans la section « Panorama » du festival. « Alors que vous regardez ce film, des millions de Palestiniens suffoquent sous le colonialisme brutal d’Israël, financé par l’Occident », estime Erfan Shekarriz dans son discours, lu par le réalisateur Jun Li en raison de son absence. L’acteur a choisi d’attaquer frontalement ceux qui lui offraient cette tribune : « Le gouvernement allemand et ses institutions culturelles, y compris la Berlinale, contribuent d’une manière ou d’une autre à l’apartheid, au génocide, au meurtre et à l’extermination brutaux du peuple palestinien. » Quelques applaudissements et des protestations comme « pas de génocide » et « libérez la Palestine du Hamas » jaillissent dans le public. « Nous ne serons pas libres tant que nous ne sommes pas tous libres, que vous soyez queer ou palestinien », poursuit le réalisateur qu’une personne ne crie : « Ou juif ! ».
Dans l’extrait vidéo publié sur les réseaux sociaux, le réalisateur termine sa lecture en lançant le slogan « du fleuve à la mer, la Palestine sera libre », mots que le gouvernement israélien condamne comme un appel à l’élimination d’Israël. Après avoir visionné les images, la police de la sécurité d’État a ouvert une enquête, indique un porte-parole de la police au quotidien Berliner Morgenpost .
La directrice du festival du film, Tricia Tuttle, a déclaré au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung que les organisateurs regrettaient profondément l’incident. « Nous avons informé à l’avance nos invités quelles déclarations politiques étaient particulièrement sensibles et lesquelles étaient potentiellement punissables. » Le Conseil central des Juifs d’Allemagne, dans un message publié lundi sur les réseaux sociaux, fustige « le fait que les slogans du Hamas soient applaudis (...) Nous supposons qu’un tel comportement sera sanctionné en conséquence. »
Tilda Swinton soutient le mouvement BDS
Quelques jours plus tôt, Tilda Swinton a exprimé son admiration pour le mouvement de boycott d’Israël BDS. L’actrice oscarisée a ensuite profité de son discours lors de la réception de son Ours d’or d’honneur pour critiquer à mots couverts Israël : « Des meurtres de masse organisés par des États, permis à une échelle internationale, terrorisent actuellement plus d’une partie de notre monde (...). Je suis ici pour les dénoncer sans hésitation. »
En 2024, le festival a déjà été accusé d’avoir servi de tribune pour des déclarations anti-israéliennes, en lien avec le conflit à Gaza. Lors de la soirée de remise des prix, le cinéaste américain Ben Russel est monté sur la tribune vêtu d’un foulard palestinien et a accusé Israël de génocide. L’auteur de documentaires palestinien Basel Adra, qui s’est vu décerner un prix pour un film sur les expulsions de Palestiniens en Cisjordanie occupée, a lui accusé Israël de « massacrer » la population palestinienne. La ministre de la Culture allemande, Claudia Roth, avait alors martelé « qu’il ne devrait y avoir aucune place pour l’antisémitisme, le racisme et la misanthropie de groupe dans ce festival ».
La 75e édition de la Berlinale, qui a débuté le 13 février, prendra fin dimanche 23 février après une soirée de clôture organisée la veille.