3,7 millions de consommateurs, 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires : le marché de la drogue explose en France révèle un rapport de l’Ofast sur les stupéfiants

C’est un document à diffusion restreinte de l’Office français antistupéfiants (Ofast) sur « l’état de la menace liée aux trafics de stupéfiants 2025 », produit grâce au concours de plus de 30 administrations et services français, que le Monde et France Info ont pu consulter. Un trafic illicite en pleine expansion, avec un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros.

3,7 millions de Français ont déjà consommé de la cocaïne

Paru fin juillet, le texte pointe l’augmentation de la consommation de cocaïne. Si le cannabis tient toujours le haut du pavé, la baisse du nombre de saisies réalisées en 2024 (- 19 %) semble démontrer une certaine stabilité.

La consommation de cocaïne, elle, a explosé. En 2023, et pour la première fois, presque un adulte sur dix déclarait avoir expérimenté cette drogue au moins une fois – soit 3,7 millions de personnes et près de 3 % en avaient consommé au moins une fois dans l’année, soit 1,1 million d’usagers contre 600 000 en 2017, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives.

Les saisies de cocaïne en France ont atteint, en 2024, des niveaux record, avec 53,5 tonnes (+ 130 %), juste devant celles des drogues de synthèse (MDMA, ecstasy) avec 9 millions de comprimés (+ 123 %).

« Relativement épargnée jusqu’en 2020, la France est subitement devenue un des pays européens les plus touchés, dépassant ses voisins traditionnellement impactés (Belgique, Pays-Bas) », constate l’Ofast qui parle de « menace existentielle » dont « plus aucun territoire n’est désormais épargné, plus aucune couche de la société n’est aujourd’hui préservée ».

Des points de deal à la location d’appartement : une évolution des méthodes de vente

173 villes françaises ont été touchées par des violences liées au trafic de stupéfiants, contre 161 en 2023. En tête de liste, Marseille, Grenoble et Toulouse mais aussi, et de plus en plus, des villes moyennes : Villeurbanne, Échirolles, Dijon…

Cela malgré la baisse du nombre de points de deal (2 729 points à la mi-2024 contre 4 034 en 2020). Un recul qui s’explique par des pratiques nouvelles : les lieux de vente physiques ont été remplacés par l’utilisation d’appartements en location de courte durée ou par des systèmes de boîtes à clé sécurisés.

En 2024, « la drogue pénètre sur le territoire par toutes les frontières, par tous les moyens (avions, bateaux, semi-submersibles, véhicules, personnes, fret, etc. ), explique encore le rapport. La plateforme aéroportuaire parisienne subit une pression sans précédent ».

Autre constat très inquiétant : l’Ofast déplore « l’utilisation désormais quasi systématique » de la violence « pour asseoir une hégémonie ».

L’office antistupéfiants précise : « L’appropriation de territoires accroît la criminalisation de la vie quotidienne, érige la violence et les profits criminels en contre-culture, obérant lourdement les politiques de la ville et l’intégration sociale. Elle marginalise les citoyens prisonniers des territoires contrôlés et remet en cause le fonctionnement régulier des services publics et privés. »

En allant jusqu’à offrir, dans certaines communes, de menus services (courses, bricolage…) pour « dédommager » les habitants des nuisances dues au deal, les trafiquants « exercent un véritable pouvoir social », au risque de « déstabiliser les institutions », alerte l’Ofast.

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