5 millions d’usagers de cannabis, 1,1 million de consommateurs de cocaïne… Des Français de plus en plus nombreux à consommer des drogues illicites
« La diffusion de toutes les substances progresse chez les adultes », a alerté Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), à l’occasion de la publication de deux rapports, mardi 14 et mercredi 15 janvier. Le premier décrit l’état du marché des drogues en France, quand le second s’intéresse à l’évolution des usages de stupéfiants.
1,1 million de personnes ont consommé de la cocaïne en 2023
Bonne nouvelle : la consommation d’alcool, de tabac et de cannabis a baissé chez les adolescents. Pour le reste, les chiffres sont alarmants. Avec 1,1 million de personnes ayant pris, au moins une fois dans l’année, de la cocaïne, en 2023, contre 600 000, en 2022, la France se place au 7e rang des pays consommateurs de poudre blanche.
Plusieurs facteurs expliquent cette hausse. Cette drogue serait de plus en plus utilisée par « des actifs pour tenir au travail, soit pour supporter des cadences intensives, soit pour faire face à la pénibilité des conditions de travail », explique Ivana Obradovic. Il y a également la « diversification des formes de consommation, avec la diffusion de la cocaïne base (crack) et la banalisation de l’image de la cocaïne, une drogue qui serait devenue “familière” et perçue comme “moins dangereuse“ qu’il y a vingt ans », poursuit Mme Obradovic.
Dans le même temps, la production mondiale, pour près de 90 % réalisée en Colombie, atteint des records, indique l’OFDT, tandis que son prix de gros a été divisé par 4,5 en trente ans. Mais le prix du gramme de cocaïne n’a pas sensiblement évolué ces dernières années, stagnant entre 60 et 70 euros.
5 millions d’usagers de cannabis
Le produit le plus consommé par les Français reste cependant le cannabis, avec 5 millions d’usagers en 2023, dont 1,4 million de consommateurs réguliers et 900 000 quotidiennement. Pour l’OFDT, ces données sont stables. Elles le sont beaucoup moins concernant la MDMA/ecstasy, dont le nombre de consommateurs est passé de 400 000 à 750 000 entre 2019 et 2023. De même, 850 000 personnes ont expérimenté l’héroïne, en 2023, contre 500 000, quatre ans plus tôt. « Les données recueillies en 2023 font toujours état d’une diversification des produits proposés et des variétés d’un même produit », ajoute l’OFDT, indiquant l’apparition aux catalogues des dealers des médicaments psychotropes, méthamphétamines et nouveaux produits de synthèse « dont le classement comme stupéfiant n’est pas (…) effectif » en France.
L’ensemble de ces produits sont de plus en plus facilement proposés à la livraison, avec une nette évolution des pratiques marketing, « de nombreux réseaux de trafic s’appuyant sur des emballages attractifs, des promotions, l’offre de goodies, des photos et vidéos au montage soigné », précisent les experts, pour qui les saisies pratiquées par la police ne représentent qu’une toute petite partie de ce qui circule réellement en France. Cette évolution des « pratiques de vente », avec des « spécialisations » et un « cloisonnement » accru entre les différentes activités d’acheminement, stockage et revente, complexifie leur démantèlement.
Il en va de même pour l’argent généré par les narcotrafiquants. En mai 2024, la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic estimait que leur chiffre d’affaires représentait « entre 3 et 6 milliards d’euros » par an, sur lesquels « seulement 100 millions d’euros sont saisis ». L’OFDT mesure, de son côté, à 7,7 milliards d’euros « le coût social » des drogues illicites, en valorisant les vies humaines perdues, la perte de la qualité de vie et l’impact sur les finances publiques. Une mission d’information parlementaire sur la lutte contre le trafic de stupéfiants devrait faire de nouvelles propositions, début février, contre la criminalité organisée et pour la prévention.
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