Conférence de Macron : vision passéiste et indifférence à l’urgence sociale, la gauche dénonce « le sang et les larmes »
Rhétorique martiale et vision passéiste de la France. Mardi soir, à 20 heures, le président de la République, lors de sa conférence de presse aux allures de grand-messe destinée à décliner les grandes actions à venir pour la suite de son quinquennat, a donné le ton. Un peu moins d’une semaine après la nomination de son nouveau premier ministre, Gabriel Attal, et de son gouvernement, l’ambition d’Emmanuel Macron se résume donc à une volonté de « réarmement » pour que « la France reste la France », a-t-il d’emblée déclaré. Et les mesures annoncées, à l’image de ce projet aux relents zemmouriens, ne passent pas auprès de l’opposition de gauche qui a rapidement réagi, notamment sur les réseaux sociaux.
« Uniforme, Marseillaise à l’école, Relance de la natalité et réarmement démographique Tous mes vœux pour 1924… ! », a ainsi résumé sur X (ex-Txitter) Anne-Claire Boux, adjointe à la maire de Paris.
Passéisme et des mesures entre vacuité et régression sociale, c’est donc l’impression qui a dominé parmi les élus de gauche. À l’instar d’Olivier Faure, le premier secrétaire du parti socialiste, qui a commenté ces annonces sur son compte X : « C’était ça la grande initiative pour unir les Français ? Les jeunes, classe dangereuse au pas. Les salariés renvoyés à l’arbitraire patronal, les franchises doublées, les chômeurs sanctionnés, l’écologie limitée, l’électricité augmentée, la préférence nationale assumée… »
« Du sang et des larmes »
Thomas Portes, député France insoumise et membre de la commission des lois, a également commenté ce retour vertigineux à la France d’antan, fondé sur un programme qui ne prévoit rien pour les plus fragiles : « Ce soir le saint patron de la bourgeoisie a parlé. Il promet du sang et des larmes pour le peuple. Pour le patronat et les riches c’est champagne : chasse aux chômeurs, congés parentaux diminués, les normes sacrifiées au nom du dogme du profit », a relevé l’élu de gauche sur son compte X. Le projet de généraliser le port de l’uniforme à l’école, de nouveau présenté par le Président comme un moyen « d’effacer les inégalités » n’est selon Thomas Portes « qu’une opération de communication aux relents d’extrême droite pour refuser de remettre en cause le système capitaliste » car « ce qui efface les inégalités c’est le partage des richesses et la hausse des salaires ».
« Du sang et des larmes ». C’est aussi le constat fait par Fabien Roussel, pour qui ces mesures présagent de nouvelles souffrances pour les plus fragiles : « Le discours de politique générale vient d’être prononcé. Les factures d’électricité vont augmenter, Les prix des médicaments vont augmenter. Mais les salaires, eux, ne vont pas augmenter ! La messe est dite », a commenté le secrétaire national du Parti communiste sur son compte X :
Rien sur l’augmentation des salaires, rien non plus sur le logement. Des plus de 30 000 sans-abri, il n’a pas été question dans le propos d’Emmanuel Macron, comme s’en est indigné Thomas Portes : « En Seine-Saint-Denis depuis le 1er janvier 414 personnes dorment chaque nuit à la rue. Dans le pays ce sont 3 000 enfants et 30 000 SDF qui chaque nuit sont dehors. 3 personnes sont décédées ces derniers jours. Pas un mot de Macron. Des invisibles. Président de la honte. »
« Aucune réquisition des logements vides »
Même constat et même colère chez Jacques Baudrier, adjoint communiste à la maire de Paris, chargé du logement et de la transition écologique, qui s’est indigné du silence d’Emmanuel Macron à ce sujet : « La pire crise du logement depuis 1954. Toujours plus de sans-abri. Deux heures d’émission et zéro mesure prise. Aucune relance de la construction. Aucune réquisition des logements vides. Dramatique. »
Un décalage et un aveuglement face aux priorités également relevés par l’eurodéputée France insoumise Manon Aubry, qui a réagi sur son compte X : « Pour répondre à l’explosion des prix et des factures d’électricité, les milliardaires et actionnaires qui se gavent, vous repasserez. En revanche, il faudra porter l’uniforme à l’école et sacrifier un peu + nos services publics. Maintenant vous pouvez éteindre l’ORTF. »