REPORTAGE. La condamnation de la politique migratoire de Donald Trump par le pape divise les fidèles américains

Dans l’homélie du prêtre de cette église de Washington, pas de référence au message envoyé par le pape François aux évêques américains. Dans ce courrier daté du lundi 10 février, il condamne la politique d’expulsions massives de migrants du président Donald Trump, la qualifiant de "crise majeure" qui "porte atteinte à leur dignité". À la sortie de la messe, ce groupe de retraités est unanime. "Je suis totalement d’accord avec lui. Ils sont les enfants de Dieu et ne doivent pas être expulsés. Nous sommes des fervents catholiques et nous suivons le pape".

Si les évêques catholiques américains soutiennent également unanimement la position du pape, c’est loin d’être l’avis de tout le monde parmi les fidèles. John, lui, préfère rester diplomate. "Il est le chef de l'Église. Il n'a pas toujours raison dans tout ce qu'il dit, mais il peut exprimer son opinion", commente-t-il. Ce fidèle pense que les représentants catholiques comprennent mal la politique de Donald Trump. "Un évêque à San Diego a dit il y a seulement quelques jours : 'l'administration Trump essaie de se débarrasser de tous les immigrés, et son intention est d'instiller la peur chez eux', blabla… Mais non, cette fois-ci, la cible, ce sont les immigrés criminels. Donc, selon moi, l'évêque a mal parlé. Il a sorti la situation de son contexte".

Le pape "corrige" les "erreurs" de J.D. Vance

C’est à ces catholiques conservateurs et plus particulièrement à J.D. Vance que s’adresse cette lettre, selon David Gibson, le directeur du centre de la religion et de la culture de l’université de Fordham, à New York. Il rappelle que le vice-président s’est récemment appuyé sur des théories religieuses pour justifier les expulsions massives. "J.D. Vance ne s'est pas contenté d'être en désaccord avec les évêques. Il les a accusés d'être cupides, de prendre l'argent du gouvernement, note David Gibson.

"Il est allé plus loin en parlant de ce concept médiéval de l'ordo amoris, l'ordre des amours, qui il faut aimer en premier. Et il s'est trompé. D'une certaine manière, le pape François corrige J.D. Vance et les informations erronées qu’il diffuse sur l'enseignement catholique." Pour ce spécialiste de la religion, si les Américains ont souvent été en désaccord avec le pape, ils étaient le moteur de la réforme de l'Église catholique, c’est aujourd’hui l’inverse.