« Brûler des mosquées », tuer « des migrants » : des cadres du RN étaient membres du groupe Facebook Les Barjols, un groupuscule d’extrême droite

La mort de Jean-Marie Le Pen a rappelé à ceux qui ont cru à la fable de la dédiabolisation que la violence est intrinsèque à l’extrême droite. Quelques jours plus tard, la cour d’appel de Paris juge coup sur coup deux affaires prouvant que cela n’a pas changé. Lundi 13 janvier, un militant néonazi, Angel B., a écopé de neuf ans de prison ferme. Derrière le pseudonyme de HeinrichHimmler88, il disait préparer un « nettoyage ethnique » ou encore un « attentat dans la rue », ciblant les juifs qualifiés de « race impure qui doit être exterminée », les « nègres » et les « bougnoules »

Hasard du calendrier, cette décision a été prononcée juste avant le début du procès en appel de neuf membres du groupuscule fasciste des Barjols, qui va durer jusqu’au 29 janvier. Des militants soupçonnés d’avoir préparé une série d’actions violentes, dont un projet d’attaque contre Emmanuel Macron.

Né sur Facebook en 2017, dans un groupe ayant pour objet de laisser s’exprimer leur haine raciste, le groupuscule s’est ensuite resserré autour d’une dizaine de personnes, qui se sont réunies plusieurs fois en 2018 pour passer à l’action. Parmi leurs projets sont évoquées les idées de « brûler des mosquées », y « assassiner des fidèles », tuer « des migrants », ou encore préparer « un putsch militaire avec prise de l’Élysée et renversement du gouvernement par la violence ».

Sept cadres du RN sur le groupe

Depuis dix ans, les préparations d’attentats d’extrême droite et ce type de plateformes de conversations entre militants racistes se multiplient. Et, malgré une volonté du parti de se distinguer publiquement de ces groupes violents, le Rassemblement national n’est jamais loin.

Selon une enquête du site les Jours, parue dimanche 12 janvier, sept cadres du parti lepéniste font ou faisaient partie du groupe Facebook des Barjols. Parmi eux, le député du Nord Guillaume Florquin, mais aussi deux assistants parlementaires (Gilles Baldacchino, membre du conseil national du RN, et Dylan Cauvin, également député suppléant), des élus locaux et des candidats aux dernières législatives. Auxquels il faut ajouter six anciens candidats FN et RN n’ayant plus de responsabilité dans le parti à la flamme.

Pour le parlementaire Guillaume Florquin, il ne s’agit pas d’un cas isolé. En décembre, un autre article des Jours a révélé que lui et quatorze autres députés lepénistes ont été membres d’un groupe privé, intitulé « * Rassemblement national * (direction 2027 !) ». De même nature, les messages qui y circulent sont une succession d’appel à la haine, comme « Les chasseurs aiment tuer ? Qu’ils aillent faire des battues dans les cités ! »

« Quand on fait de la politique, on rejoint un nombre incalculable de pages ou de groupes Facebook », s’était alors défendu Guillaume Florquin dans la Voix du Nord. Or les intitulés de ces groupes Facebook laissent peu de place au doute. Celui des Barjols indique comme objectif de « rassembler les patriotes pour programmer des actions », tandis que celui réunissant quinze députés RN s’affiche comme un « groupe réservé aux amoureux de la France qui en ont assez de l’islam et de sa haine envers nous ».

Ces révélations prouvent que la frontière entre l’extrême droite violente, ouvertement raciste, et l’extrême droite institutionnelle d’un RN normalisé n’existe pas. Elles ont pourtant été peu relayées, ce qu’a regretté la cheffe de file des députés insoumis Mathilde Panot, mardi 14 janvier. À l’image des saillies racistes et antisémites de Jean-Marie Le Pen, qualifiées de « polémiques » à Matignon, la proximité du RN avec les mouvances fascistes ne choque plus.

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