Qu’est-ce qu’un bon père ? Deux psychologues débattent
DÉBAT - Alors que le discours contemporain oscille entre deux visions binaires de la paternité - le père héros du quotidien ou le père forcément malveillant -, les deux psychologues plaident pour qu’on s’adresse directement aux concernés.
Kevin Hiridjee est psychologue, l’auteur de Qu’est-ce qu’un père ? paru en octobre chez Fayard, un catalogue, malin car analytique, de divers cas cliniques : le père absent, le père très investi, le père terrifié. Thérapeute familial et psychologue, Sébastien Dupont vient de publier Les pères et la paternité aux éditions Que sais-je ? Un condensé préciés des (rares) données sur la paternité, qu’elles soient économiques ou scientifiques. Rassemblés pour un échange au Figaro, les deux psychologues ont plaidé pour un changement de regard sur les pères, notamment les pères séparés, d’emblée soupçonnés d’être violents ou indifférents à leurs enfants.
LE FIGARO. - Cette année, les projecteurs ont été mis sur les familles monoparentales. À cette occasion, les pères séparés ont été pointés du doigt. On entend qu’ils sont démissionnaires, le président de la République a affirmé qu’en parlant de droit de visite et pas de devoir de visite, on avait «laissé les hommes s’exonérer de tous leurs devoirs de parentalité». Qu’en avez-vous pensé ?
Kevin Hiridjee. - Le discours contemporain sur les pères oscille entre deux visions très binaires de la figure paternelle. D’un côté une image très idéalisée du père qui lui donne le rôle prépondérant de séparer l’enfant de la fusion de la mère, de lui transmettre son nom et de l’ouvrir à la société et au langage. Et de l’autre une vision méfiante et parfois accusatrice qui présente le père comme foncièrement malveillant, incompétent et donc inutile. Il me semble que le discours d’Emmanuel Macron échappe à ces deux extrêmes et adopte une approche pragmatique. Il blâme un comportement qui existe - la démission de certains pères - sans pour autant accuser les pères qui, dans leur écrasante majorité, se montrent impliqués. Mais surtout, il reconnait l’importance du père dans le développement de l’enfant. En tant que thérapeute, je ne peux que soutenir cette initiative.