« Au Rojava, nous voulons vivre libres » : les Kurdes inquiets pour leurs libertés face au nouveau pouvoir de Damas

Kamechliyé, Hassakeh, Raqqa (Kurdistan de Syrie), envoyée spéciale.

Enroulée dans une épaisse couverture rouge, elle est allongée sur le flanc. Au moindre mouvement, la douleur lui déforme les traits. Hemrin Ali, 35 ans, a été blessée aux abords du barrage de Tichrine, sur l’Euphrate, sous le feu de l’aviation et des drones turcs depuis le 8 décembre 2024. Elle nous montre les cicatrices laissées par les éclats de munition, qui lui balafrent le ventre, les jambes, les bras.

Le 21 janvier dernier, elle avait rejoint l’un des convois de civils venus dénoncer ces opérations militaires ciblant une infrastructure qui fournit de l’électricité et de l’eau potable à plus de 5 millions de personnes. « Nous étions en train de danser quand les bombes sont tombées. Soudain, j’ai vu mes jambes en sang », raconte-t-elle, en nous montrant une vidéo filmée depuis un drone, diffusée par des mercenaires islamistes d’Ankara heureux de ces attaques délibérées contre des civils, qui ont déjà fait plusieurs dizaines de blessées et 23 morts depuis le 8 janvier.

« Si Tichrine craque, l’eau déferlera jusqu’ici »

Le régime turc de Recep Tayyip Erdogan balaie ces crimes d’un revers de main, accusant les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui réunissent combattants kurdes et arabes, d’utiliser des civils comme boucliers humains. « J’y suis allée de mon plein gré. Nous avons besoin de cette eau, de cette électricité. C’est notre responsabilité de préserver ces ressources », rétorque Hemrin. Plus d’un mois après avoir été blessée, elle ne peut toujours pas se tenir debout. Elle n’avait pu être transportée vers un hôpital pour y être opérée que trois jours après cette attaque, par crainte des tirs turcs visant les ambulances.

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