Le prix du roman Fnac récompense Marie Vingtras avec son polar Les Âmes féroces

Marie Vingtras nous avait épatés en 2021 avec son premier roman, Blizzard, dont l’histoire se déroulait en Alaska. Une histoire peuplée d’êtres solitaires, violents, en quête de rédemption. Un roman couronné par de nombreux prix, dont celui, recherché, des libraires.

Cette avocate spécialisée dans le droit du travail récidive avec Les Âmes féroces, cette fois aux États-Unis. Dans une petite ville sans histoire, Mercy, où le taux de criminalité est très bas, on retrouve le corps sans vie d’une adolescente au milieu des iris sauvages. C’est le printemps et la première des quatre saisons qui vont ponctuer cette histoire fascinante d’une communauté soudain confrontée au mal. Quatre saisons pour quatre personnages, quatre voix qui vont, chacune à leur tour, donner leur point de vue sur l’affaire de la jeune Leo.

Quatre protagonistes

Le shérif ouvre le bal. C’est une forte femme, au physique impressionnant, dont le poste est en danger. Les autorités de la ville apprécient très moyennement son homosexualité. Une femme shérif, aux États-Unis, ça fait sourire. Lauren s’en moque. Le sort des femmes battues lui importe plus que sa carrière.

Vient ensuite Benjamin, le professeur de Leo. Un garçon charismatique, issu d’une famille aisée, dont les étudiantes raffolent. Seule ombre au tableau, un passé pour le moins ambigu.

Puis c’est Emmy, la meilleure amie de l’adolescente, qui lève le rideau sur sa famille et celle de Leo. Des gens beaucoup plus complexes qu’il n’y paraît. Elle-même s’affirme comme une manipulatrice perverse.

Enfin, c’est le père endeuillé de Leo, Seth, qui referme le livre de douleur de Mercy. C’est l’hiver. Plus rien ne sera comme avant. Chacun a donné sa version de l’affaire, son point de vue sur Leo. Et l’on découvre que, derrière la banalité d’une petite ville, nombreux sont les secrets, les zones d’ombre.

Un beau talent

Marie Vingtras confirme son beau talent avec ce roman polyphonique à l’américaine. Plongé dedans, sans pouvoir le lâcher, on se dit qu’une Laura Kasischke aurait pu écrire Les Âmes féroces. C’est dire la réussite du livre! Le jury du prix du roman Fnac, 400 adhérents et 400 libraires, ne s’y est pas trompé, qui lui décerne le premier grand prix de la saison littéraire.

En finale de cette 23e édition, Marie Vingtras était en concurrence avec trois autres romancières: l’Italienne Viola Ardone (Les Merveilles, Albin Michel), Delphine Minoui, journaliste au Figaro (Badjens, Seuil) et Bérénice Pichat (La Petite Bonne, Les Avrils).

Les Âmes féroces, de Marie vingtras, Éditions de l’Olivier, 272 p., 21,50 €.