Après la catastrophe à Mayotte, François Bayrou rate son premier grand oral à l’Assemblée nationale
Tant qu’à être maladroit, autant que ça dure. Pour sa première allocution devant l’Assemblée nationale, à l’occasion des questions au gouvernement, François Bayrou a mis longtemps, une minute quarante, avant d’évoquer le sort de Mayotte, meurtrie par un cyclone ce samedi.
Après des mots pour les « défis » qui attendent l’exécutif qu’il dirige et qui n’est pas encore formé, il a enfin lâché : « Nous sommes rappelés par la catastrophe de Mayotte à ce que nous avons de plus sacré, notre concitoyenneté, notre compatriotisme, par tous ceux qui sont atteints par les accidents de la vie. »
Il était pourtant attendu sur le sujet. Ses premiers pas en tant que chef de l’exécutif ont pour le moins été chancelants. Il a été nommé vendredi. Lundi soir, alors que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, était à Mayotte, lui-même s’envolait en avion privé pour Pau, où en tant que maire il présidait un conseil municipal. Première proposition concrète présentée par le premier ministre : la défense du cumul des mandats entre maire et parlementaire… Une préoccupation loin du quotidien des Français et de l’urgence pour les Mahorais.
Étrillé par la gauche, Bayrou drague à l’extrême droite
À ce sujet, il a été étrillé par la gauche. « J’étais à la réunion de crise avec le président de la République. J’y ai participé de la première à la dernière minute. Seulement, j’y ai participé par visio comme le ministre de l’Intérieur y a participé depuis La Réunion », a-t-il tenté de justifier devant la représentation nationale, ajoutant un hasardeux : « Parce que je suis obligé de vous dire que Pau, c’est en France. »
Avant de s’enfoncer : « Il n’est pas d’usage que le Premier ministre et le président quittent en même temps le territoire national », un terrible lapsus colonial alors que Mayotte est un département français. Avant de continuer « Il y avait à peu près partout en France des conseils municipaux hier soir pour voter le budget. Si j’avais été dans une mairie du 7e arrondissement ou à la mairie de Neuilly, vous auriez considéré, Madame, que c’était très bien. » Une explication qui n’a pas convaincu sur les bancs de gauche, d’où fusaient des « non » ! Reprenant les arguments de la veille sur le cumul des mandats, il a ajouté : « Il y a une rupture entre la vie de la province et le cercle qui gouverne à Paris. »
Pour le reste, le premier ministre a affiché sa volonté de normaliser toujours plus le Rassemblement national (RN), auquel il a accordé son parrainage pour la présidentielle de 2022. Répondant à Laure Lavalette, députée d’extrême droite, il a dit son « expression de respect envers chacune et chacun qui siège sur les bancs d’un bout à l’autre de l’échiquier politique et de chacun de ses groupes ».
Mais, seul sur les bancs du gouvernement, les autres ministres étant démissionnaires, c’est à droite qu’il regarde. À Vincent Jeanbrun, de la Droite républicaine, il répond qu’on ne peut poursuivre, dans « la lâcheté qui est la nôtre, d’entretenir nos dépenses courantes en empruntant sur le dos des générations futures ».
À Félicie Gérard, d’Horizons, il reconnaît : « Je n’ai jamais cru que c’est dans la fiscalité que se trouvait la réponse à tous les problèmes du pays. » Une manière de dire qu’il ne sera pas celui qui acceptera les 60 milliards d’euros de recettes qu’avaient trouvés les élus de gauche pour le projet de budget 2025. « Si la croissance et le bonheur étaient indexés sur la fiscalité, nous serions le pays le plus heureux du monde », lâche-t-il. En tournant le dos à la gauche de l’Hémicycle.
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