La plainte du Soudan accusant les Émirats de complicité de génocide, rejetée par la Cour internationale de justice

La Cour internationale de justice (CIJ) a déclaré ce lundi 5 mai 2025 qu'elle rejetait la plainte du Soudan accusant les Émirats arabes unis de complicité de génocide, se déclarant «manifestement incompétente» pour statuer sur cette affaire. Khartoum a attaqué en mars les Émirats devant la CIJ à La Haye, les accusant de complicité de génocide à l'encontre de la communauté masalit, en raison de leur soutien présumé aux Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) qui combattent l'armée soudanaise.

Lorsque les Émirats ont signé la convention sur le génocide en 2005, ils ont émis une «réserve» à l’égard d’une clause-clef permettant aux pays de s’attaquer mutuellement devant la CIJ en cas de litige. «À la lumière de la réserve émise par les Émirats arabes unis... la Cour est manifestement incompétente pour juger la demande du Soudan», a déclaré la Cour.

Des dizaines de milliers de morts

La guerre qui oppose depuis avril 2023 l’armée régulière, dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, aux FSR, avec à leur tête son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts au Soudan, déraciné 13 millions de personnes et plongé certaines régions dans la famine, provoquant «une des pires catastrophes humanitaires» au monde, selon l’ONU. Plus de 540 civils ont été tués dans le nord du Darfour au cours des trois dernières semaines, a indiqué l’ONU jeudi, en estimant que «le bilan réel est sans doute beaucoup plus élevé».

La CIJ s’est déclarée «profondément préoccupée par la tragédie humaine qui se déroule au Soudan et qui constitue la toile de fond du présent différend». «Le conflit violent a un effet dévastateur, entraînant des pertes en vies humaines et des souffrances indicibles, en particulier dans le Darfour occidental», a ajouté la Cour.

«De pures fabrications»

Lors d’audiences le mois dernier, le ministre intérimaire soudanais de la Justice, Muawia Osman, avait affirmé que le «soutien» présumé des Émirats aux milices constituait «le principal moteur du génocide». Une accusation contestée par les Émirats qui ont dénoncé devant la Cour des allégations «au mieux trompeuses et au pire de pures fabrications», destinées selon eux à détourner l’attention des efforts visant à mettre fin à la guerre.

Le Soudan avait demandé aux juges d’obliger les Émirats à mettre fin à ce soutien présumé et à verser des «réparations complètes», y compris des indemnités aux victimes de la guerre. Les décisions de la CIJ sont définitives et contraignantes, mais la Cour n’a aucun moyen de les faire respecter.