Six nations 2025 : la bataille de la Lionne Carla Arbez pour un come-back réussi en équipe de France
Des "Carla, Carla, Carla" aux quatre coins des tribunes tout au long de la partie à la speakeuse du stade qui l'a fait chanter "Ici, ici, c'est La Rochelle" à l'issue de la rencontre, Carla Arbez a remporté une victoire bonifiée (38-15) à domicile à Marcel-Deflandre, samedi 29 mars. Contre l'Ecosse dans un stade à guichets fermés, l'ouvreuse de l'UBB, tout sourire, a livré "une partie sobre, juste dans son jeu au pied et sur l'essai qu'elle a marqué", a analysé après le match Marie Sempéré, ex-joueuse du XV de France et consultante pour France Télévisions. De bon augure pour son retour sous le maillot bleu après un an et demi d'absence.
Car la joueuse de 25 ans, à qui on promettait un bel avenir international en 2023 avec ses premières sélections chez les Bleues, notamment un Tournoi et une tournée d'automne réussis, a connu un passage à vide compliqué, avec zéro sélection en 2024 alors qu'elle s'affirmait progressivement avec son équipe des Lionnes de Bordeaux, qui dominent le championnat depuis près de trois ans. "C'est sûr qu'il y a eu beaucoup de déception, a exposé à franceinfo: sport Sarah-Maud Lachance, sa compagne canadienne et coéquipière sous le maillot de l'UBB. Elle s'entraîne tellement pour cet objectif que le voir s'envoler, c'est toujours compliqué", a-t-elle ajouté.
Une cadre chez les Lionnes de Bordeaux
Annoncée comme la successeure chez les Bleues de Jessy Trémoulière, avec qui elle avait partagé le poste de n°10 lors du Six nations 2023, la native de Biarritz, qui a passé son enfance de l'autre côté du Fort Boyard, sur l'île d'Oléron débute le rugby très jeune, à 7 ans. Passionnée par le ballon ovale, elle ne le quittera plus. A 13 ans, elle arrive à La Rochelle pour deux années, où elle étudie au collège en internat (de 2012 à 2014). Ce sera ensuite Toulouse pour le lycée et le pôle espoirs et Bordeaux côté rugby et club de 2014 à 2018, avant un passage par Bayonne durant trois saisons où elle évoluera aux côtés de Pauline Bourdon-Sansus, avec qui elle est associée à la charnière depuis le début du Tournoi 2025.
Depuis 2021, elle est de retour avec les Lionnes avec lesquelles elle a été sacrée championne de France d'Elite 1 en 2023 et en 2024, et se dirige vers un troisième titre consécutif, l'UBB étant invaincue avec 14 victoires de rang. "Elle s'est bien remise en question, a regardé ce qu'il lui manquait et s'est plus focalisée sur les éléments qu'elle pouvait améliorer pour retrouver le niveau de l'équipe de France, a encore confié Sarah-Maud Lachance. Plutôt que de se concentrer sur le négatif, elle s'est centrée sur elle-même, sur ses propres performances et a pris beaucoup de plaisir à Bordeaux".
Pour son jeu au pied, c'est Benoît Trémoulinas qui l'aiguille
Clara Arbez s'est aussi offert les conseils d'un certain... Benoît Trémoulinas. Depuis un an, l'ancien footballeur bordelais conseille la demi d'ouverture sur l'utilisation de sa patte gauche. "Au départ, les attentes étaient surtout techniques, glissait-elle à Sud Ouest en juin dernier, quelques mois après le début de ces séances. Je n'imaginais pas que mentalement ce serait aussi intéressant : il m'apporte beaucoup de sérénité, il me donne confiance en moi". Un atout non négligeable pour la jeune femme qui doute. "Il me donne même des conseils sur ma respiration ! Tous les détails font la différence et je veux mettre toutes les chances de mon côté pour m’améliorer et devenir plus fiable", racontait-elle également.
Du calme et de la sérénité, il lui en faudra toujours plus pour assumer les responsabilités d'une place de titulaire en équipe de France. "Elle a encore besoin de temps sous le maillot bleu, ça se sent, a décortiqué Marie Sempéré après le France-Ecosse, samedi. On sent qu'elle s'affirme match après match mais qu'elle n'est pas encore totalement en confiance", a-t-elle renchéri. "Carla, c'est une timide. Elle a besoin de temps et de soutien", a livré sa compagne. "C'est incroyable de la voir en bleu, s'est extasié à son tour son frère Valentin, auprès de franceinfo: sport, samedi. Elle est sortie grandie [de cette non-sélection pendant un an et demi], plus mature dans son jeu. Là, elle revient en force, sur un match comme à la maison à La Rochelle. On espère qu'elle va sortir le grand match".
Si la jeune femme, diplômée en préparation physique et mentale, peut encore montrer quelques signaux de fébrilité, elle a régalé "Chez Marcel" samedi, en inscrivant le premier essai tricolore entre les poteaux. Sur le terrain durant 60 minutes, elle ne s'est pas économisée, démontrant ainsi envie et talent. "Elle est ravie de faire partie de ce groupe pour le Tournoi des six nations. Elle se sent vraiment poussée et encouragée par le public et ses proches qui sont venues la voir, a commenté Sarah-Maud Lachance. Et regarde déjà vers la Coupe du monde cet été outre-Manche ? "A Bordeaux, l'objectif était qu'elle revienne en équipe de France. C'est réussi, s'est exclamée celle qui partage sa vie. Elle prend tout ce qu'il y a à prendre et si à la fin il y a la sélection pour la Coupe du monde, c'est encore mieux".