Notre critique d’Orgueil et préjugés… ou presque : une comédie musicale endiablée
Un village en Angleterre. Les cinq filles Benett sont excitées comme des puces. Mr Charles Bingley, jeune, beau et riche célibataire, vient d’emménager près de chez elles. Leur mère se réjouit, elle va pouvoir marier l’une de ses filles et ainsi assurer leur avenir financier. Loin des conventions sociales qui priment en ce début du XIXe siècle, leur père, propriétaire du domaine de Longbourn, est aux abonnés absents.
Le nouveau voisin affole les cœurs mais son ami Mr Darcy, plus encore, en particulier celui d’Elizabeth Benett. Pourtant, la première rencontre entre le fier aristocrate et la rebelle attachée à son indépendance ne se passe pas sous les meilleurs auspices. Peut-être que Cupidon frappera lors du bal qui se prépare.
Publié en 1813, le roman de Jane Austen est considéré comme féministe. L’adaptation en français de Pride and Prejudice (sort of), d’Isobel McArthur signée Virginie Hocq et Jean-Marc Victor l’est assurément - on y lit même un message #MeToo. Il faut prendre garde à la fin du titre de la pièce : Orgueil et préjugés… ou presque, que l’actrice humoriste et le traducteur revisitent avec mille facéties à la seconde. Le résultat est exaltant. On a là une comédie musicale menée tambour battant - les Beatles, Kate Bush, Queen… -, un mélange d’esprit, d’humour et de folie romantique malgré quelques grossièretés. Rassurons les littéraires, ils retrouveront l’intrigue dans les grandes lignes et suivront avec curiosité le cheminement des héroïnes.
Lumières festives
Forte de Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ?, Johanna Boyé dirige sa troupe 100 % féminine avec allant et un regard avisé sur son jeu. Elle entraîne les spectateurs dans un marathon endiablé. Habillées et rhabillées par Marion Rebmann, les comédiennes, par ailleurs excellentes chanteuses, se changent à une vitesse record pour jouer ou les domestiques ou les bourgeoises. Tel un troubadour, la malicieuse Melody Linhart les accompagne à la guitare électrique sur scène et dans la salle éclairées par des lumières festives (Cyril Manetta). Chacune mérite son quart d’heure de gloire.
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Mention spéciale à Emmanuelle Bougerol qui campe sans faillir, et le fin Darcy droit dans ses bottes, et la mère Benett qui, elle, ne fait pas dans la dentelle. Elle n’en peut plus, la pauvre, des obstacles qu’elle affronte pour concrétiser ses projets de mariage ! Chapeau bas aussi à Lucie Brunet, troublant Mr Collins, Céline Esperin sous les traits de Jane qui vit ses premiers émois, Magali Genoud, Elizabeth Benett, et Agnès Pat, à la fois le frère et la sœur Bingley. Le Théâtre Saint-Georges vient d’être repris par une nouvelle direction. Avec ce spectacle à l’audace insolente, sa rentrée 2025 a démarré en fanfare.
Orgueil et préjugés… ou presque, d’après Jane Austen, au Théâtre Saint-Georges (Paris 9e), jusqu’au 28 juin. Tél. : 01 48 78 63 47 ou www.theatre-saint-georges.com