Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol, Hélène Geoffroy… On prend les mêmes et on recommence ? Pour l’heure, le congrès socialiste prévu en juin prochain ressemble furieusement au désastreux congrès 2023. Un scénario catastrophe que Boris Vallaud, actuel président du groupe PS à l’Assemblée nationale, veut éviter. Dans les rangs du parti à la rose, tous camps confondus, il n’est pas rare d’entendre que ce dernier, « c’est le meilleur mais il manque de courage ».
Boris Vallaud a, cette fois, décidé de sortir du bois, histoire de montrer qu’il n’est pas si couard qu’on le dit. Mais à sa façon. C’est-à-dire en refusant la castagne que les candidats déclarés et leurs soutiens promettent aux militants socialistes. Il plaide pour un congrès de la « réconciliation ».
« On est en train de refaire Marseille », dit-il en référence au dernier congrès, théâtre d’une guerre fratricide sur fond de triche remportée sur le fil par Olivier Faure face à Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen. Depuis plusieurs semaines, les différentes motions – aujourd’hui appelées textes d’orientation (TO) – s’affrontent ad hominem par voie de presse.
En septembre, déjà, François Hollande, de retour dans le jeu politique à la faveur de son élection comme député, s’en prenait au premier secrétaire sortant, estimant qu’il fallait en « changer » car Olivier Faure serait supposément trop proche des insoumis. Ce mercredi, Anne Hidalgo, maire de Paris, reprend la charge dans Libération : « Il n’y a aucun sujet sur lequel on comprend ce que pense le PS ! (…) ne sais pas où va Olivier Faure qui dit tellement de choses différentes. » Du côté des fauristes, on craint une « réhollandisation » du parti.
« Construire un projet qui parle à ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre »
Un spectacle que Boris Vallaud regarde avec désolation. « Avant, on était capables de faire marcher un parti qui allait de Jean-Marie Bockel à Jean-Luc Mélenchon », se souvient-il. Le député des Landes estime pouvoir être un « trait d’union » entre les différentes chapelles pour un « congrès de doctrine » plutôt qu’un « congrès de casting ». « Depuis l’éloignement avec la FI, les divergences stratégiques, c’est peanuts ! », enrage un de ses proches qui voit aujourd’hui un seul affrontement entre « personnes qui se détestent ». Le président du groupe PS au Palais Bourbon – dont il parvient à maintenir la cohésion – envisage d’être in fine le seul candidat dans ce congrès, celui derrière lequel tous se seraient rassemblés. Lui l’ancien collaborateur d’Arnaud Montebourg et ex-secrétaire général adjoint de l’Élysée sous François Hollande, respecté de tous et détesté de personne.
La question de l’union au cœur des débats
Dans une tribune publiée par Libération, Boris Vallaud dit espérer « unir les socialistes dans un esprit de camaraderie. Sans unanimisme factice mais sans faux débat » pour construire un PS « fort, crédible et conquérant ». Il assure vouloir bâtir « une vision de long terme et construire un projet qui parle à tous », « surtout à ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre, aux classes populaires ». « Nous devons répondre au scepticisme qui s’est installé chez eux », affirme celui qui fut, en 2022, le principal rédacteur du programme socialiste dont la candidate, Anne Hidalgo, s’était éloignée.
Ce congrès risque de tourner principalement sur le sujet du rassemblement avec les autres forces politiques, autour d’une opposition en réalité assez caricaturale, entre réaffirmation du PS ou union de la gauche. Boris Vallaud veut offrir une troisième voie. L’union, « mais pas à tout prix » : « L’union est un combat, elle doit aussi être une méthode et se faire sur des bases claires et des valeurs partagées. L’union la plus large possible de celles et ceux qui veulent faire ensemble, parce que c’est le chemin d’une candidature commune qui peut éloigner le spectre de la victoire des forces de la réaction. » Soit la position aujourd’hui portée par Olivier Faure mais sans les rancœurs interpersonnelles.
Il faut lire entre les lignes : Boris Vallaud souhaite qu’il n’y ait qu’une seule candidature pour la tête du PS et l’ambitieux qui pense à pour la prochaine présidentielle n’ira donc pas au clash s’il ne fédère pas. Il s’agit pour l’heure d’une contribution thématique, notamment soutenue par le maire de Clermont-Ferrand Olivier Bianchi, le sénateur Alexandre Ouizille ou encore l’ancienne ministre Marylise Lebranchu. Mais pas d’un acte officiel de candidature. Interrogé sur ses ambitions par l’Humanité en octobre, Boris Vallaud a répondu vouloir être « utile », terme bouée de sauvetage pour chaque responsable politique qui se prépare. « Je veux participer au retour de la gauche au pouvoir et c’est dans cette optique que je me place », ajoutait-il. Il a jusqu’au 26 avril pour convaincre dans les rangs socialistes et se déclarer pour le poste de premier secrétaire, avant un vote des militants le 5 juin.
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