Guerre Hamas-Israël : l’État hébreu sous la pression grandissante de ses alliés
L’État hébreu fait face aux pressions grandissantes de ses alliés dans la guerre qu’il mène contre le groupe terroriste Hamas depuis le 7 octobre. Mardi, le président américain Joe Biden a dénoncé les «bombardements aveugles» effectués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, enclave palestinienne où la situation humanitaire se détériore chaque jour davantage.
L’ONU réclame un cessez-le-feu humanitaire
Mardi soir, l'Assemblée générale de l'ONU a réclamé «un cessez-le-feu humanitaire immédiat» dans le territoire sous blocus, dans une résolution non contraignante adoptée par 153 voix pour, 10 contre (dont Israël et les États-Unis), et 23 abstentions. Une majorité écrasante qui a même dépassé celles qu'avaient rassemblées les résolutions condamnant l'invasion russe de l'Ukraine. L'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, a salué le «message puissant» envoyé par les Nations unies et un «jour historique». «C'est notre devoir collectif de poursuivre sur ce chemin jusqu'à ce que nous puissions voir la fin de cette agression contre notre peuple, la fin de cette guerre contre notre peuple», a-t-il déclaré.
Ce texte ne condamne toutefois pas le Hamas, mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007 et auteur de l'attaque sanglante du 7 octobre en territoire israélien. Ce jour-là, le Hamas avait aussi emmené environ 240 otages dans la bande de Gaza. 135 sont toujours détenus, selon Israël, après plusieurs libérations à la faveur d'une trêve fin novembre notamment. L’absence de mention du Hamas a été tancée par Israël et les États-Unis.
Biden critique de manière inédite Benyamin Netanyahou
Fervent soutien d'Israël, le président démocrate américain a cependant critiqué de manière inédite le gouvernement du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour son opposition à une solution «à deux États» avec les Palestiniens, et l'a mis en garde contre une érosion du soutien international à sa guerre. «Il n'y a aucun doute sur la nécessité de supprimer le Hamas», a dit le président américain. Mais, a-t-il mis en garde, si Israël dispose à l'heure actuelle du soutien de «la majeure partie du monde», «ils sont en train de perdre ce soutien avec les bombardements aveugles qui ont lieu».
Dans une rare déclaration commune, Justin Trudeau, Anthony Albanese et Christopher Luxon, respectivement les premiers ministres du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, se sont déclarés «alarmés par la diminution de l'espace de sécurité pour les civils à Gaza». «Le prix à payer pour vaincre le Hamas ne peut être la souffrance continue de tous les civils palestiniens», ont-ils ajouté.
La bande de Gaza, un «enfer sur terre»
Dans la bande de Gaza, où 85% des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés - dont beaucoup de multiples fois depuis le 7 octobre - et des quartiers entiers détruits par les bombardements, les Palestiniens vivent «l'enfer sur terre», a lancé le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.
Dans le petit territoire soumis à un blocus israélien depuis plus de 15 ans et à un siège total depuis deux mois, de nouveaux raids ont fait plus de 50 morts dans la nuit de mardi 12 à mercredi 13 décembre à Gaza-City, Nousseirat, Deir al-Balah, Khan Younès et Rafah, selon le ministère de la Santé du Hamas.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas. Son offensive à Gaza, aérienne puis terrestre à partir du 27 octobre, a coûté la vie à plus de 18.400 personnes, en grande majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas. Selon un bulletin quotidien publié lundi 11 décembre par l'agence de l'ONU chargée de la coordination humanitaire (Ocha), «de nombreuses autres personnes sont portées disparues, vraisemblablement sous les décombres, en attente d'un sauvetage ou d'une récupération».
Israël a annoncé ce mercredi la mort de huit nouveaux soldats, dont un lieutenant-colonel, dans les combats dans la bande de Gaza. Au total, 114 soldats israéliens sont morts depuis que l’État hébreu a commencé ses opérations terrestres dans le territoire palestinien le 20 octobre, selon Jérusalem.
Les maladies prolifèrent dans les camps de réfugiés, selon l’ONU
Après avoir fui leurs maisons dans le Nord puis leurs abris à Khan Younès, des dizaines de milliers de Palestiniens s'abritent désormais à Rafah, plus au sud, devenue un gigantesque camp avec des centaines de tentes bricolées à l'aide de bouts de bois ou encore de draps. Selon l'Ocha, la surpopulation et la malnutrition favorisent la propagation de maladies comme la diarrhée, la grippe et la variole, mettant une pression supplémentaire sur un système de santé déjà complètement débordé et défaillant.
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De plus, l'armée israélienne a ciblé Rafah, où des frappes sur deux maisons ont fait 24 morts mardi, selon le ministère de la Santé du Hamas. Après un bombardement qui a creusé un énorme cratère, des survivants fouillent les ruines, parfois à mains nues.
L’aide humanitaire «bien inférieure» aux besoins
Selon l'Ocha, 100 camions transportant de l'aide sont entrés depuis lundi soir via Rafah, de même que 120.000 litres de carburant. «Ce chiffre est bien inférieur à la moyenne quotidienne de 500 chargements de camions (carburant compris) entrant chaque jour ouvrable avant le 7 octobre», alerte l’agence onusienne.
Dans le cadre du siège imposé depuis le 9 octobre à Gaza, Israël contrôle l'entrée de l'aide internationale dans le territoire via l'unique point de passage ouvert de Rafah, avec l'Égypte. En raison des combats, cette aide est très difficilement acheminée au-delà de Rafah où la nourriture se fait rare.