"Il va bien falloir que tout le monde prenne ses responsabilités" : en évoquant un référendum sur la réforme des retraites, François Bayrou met sous pression les syndicats

Une nouvelle stratégie. Les négociations promises par François Bayrou sur la réforme des retraites commencent plutôt mal. Le syndicat Force ouvrière a claqué la porte de la première réunion entre les organisations syndicales et patronales, jeudi 27 février.

Ses dirigeants n'ont pas apprécié la lettre de cadrage du Premier ministre reçue quelques heures plus tôt. Son représentant, Michel Beaugas, qui dénonce une "mascarade", accuse le gouvernement de pousser les syndicats à accepter un recul de l'âge de départ. Il a dénoncé une "instrumentalisation" des partenaires sociaux, pour leur "faire porter le chapeau" de cet allongement.

François Bayrou lui a répondu à distance : en cas de "blocage" des négociations sur les retraites, "le référendum est une issue", estime le Premier ministre, dans un entretien au Figaro.

"Méthodes novatrices"

Il y réaffirme que "si personne ne se met d'accord (...) on en restera au système antérieur, défini en 2023". Mais il n'exclut pas de recourir au référendum "si nous étions un jour en situation de blocage" : "J'ai toujours dit que lorsque des questions sont bloquées, lorsqu'il n'y a pas de résolution possible, le référendum est une issue".

Malgré ce retrait de FO, les autres syndicats restent convaincus que des compromis sont possibles, bien que les discussions soient déjà tendues, notamment sur l'âge. Le patronat veut préserver a minima les 64 ans et se dit même favorable à aller au-delà. Tandis que les représentants des salariés restent tous opposés au recul de l'âge, et assurent avoir des propositions concrètes pour compenser les 10 milliards d'euros que représenterait l'abrogation de la réforme.

En coulisses, un conseiller du Premier ministre l'assure : cette interview n'est pas une réponse à Force ouvrière. Et pour une raison simple : elle a été donnée avant que le syndicat ne claque la porte des négociations. Mais en dégainant la possibilité du référendum, François Bayrou met la pression sur les partenaires sociaux, condamnés à s'entendre. Il appelle ainsi patronat et syndicat à trouver des "méthodes novatrices" pour arriver à un "rééquilibrage" financier du système des retraites. "Chacun fourbit ses armes, décrypte un proche du Premier ministre. Mais au final, il va bien falloir que tout le monde prenne ses responsabilités."

Lors de ses vœux, il y a deux mois, le président Macron annonçait vouloir demander aux Français de trancher certains "sujets déterminants". Pensait-il lui-même aux retraites ? À l'Elysée, on se contente de constater que "les idées continuent d'émerger" sur les thèmes possibles de référendum.