"Décision indécente", "faute politique" : pourquoi l'extrême droite condamne-t-elle aussi fermement la reconnaissance par la France de l'État de Palestine ?

La reconnaissance de l'État palestinien ne manque pas de faire réagir au sein de la classe politique, avec une condamnation très ferme de la part de l'extrême droite. Pour le président du Rassemblement national Jordan Bardella, Emmanuel Macron offre "une légitimité institutionnelle et internationale inespérée au Hamas", quand Éric Ciotti dénonce une décision "précipitée", "électoraliste" et "indécente"

L'extrême droite ne mâche pas ses mots pour critiquer l'annonce du chef de l'État. "Une faute politique et morale", clame de son côté Marine Le Pen sur X. Elle, pour qui "État palestinien, État Hamas, et État terroriste", c'est la même chose.

L'un de ses lieutenants, Thomas Ménagé, président du groupe Rassemblement national à l'Assemblée, raille un président français "félicité par un mouvement terroriste", en référence au communiqué du Hamas saluant l'annonce d'Emmanuel Macron. "Voilà l’héritage diplomatique qu’il laissera à la France", ajoute le député. Le président du parti, Jordan Bardella, parle d'une "décision précipitée" qui confère au Hamas "une légitimité institutionnelle et internationale inespérée"

Se distancer de son passé antisémite

Le RN soutient pourtant une solution à deux États. Mais depuis le 7-Octobre, le Rassemblement national prend systématiquement le parti d'Israël. Les troupes de Marine Le Pen attaquent sans cesse Emmanuel Macron, qui ne soutiendrait pas assez Israël selon elle, et accusent la gauche, La France insoumise en tête, d'antisémitisme quand ils dénoncent un État israélien génocidaire et refusent de qualifier le Hamas d'organisation terroriste.

Le RN multiplie les symboles pro-israéliens, comme lors de la visite inédite de Jordan Bardella en Israël en mars dernier. C'est une manière aussi pour le Rassemblement national, ancien Front national, de se distancer de son passé antisémite. Effectivement, c'est un des axes principaux de sa dédiabolisation. Malgré les bombardements israéliens, malgré les dizaines de milliers de morts, malgré la famine qui touche les Palestiniens et la destruction de Gaza, Marine Le Pen doit afficher un soutien sans réserve à Israël. Le but : rompre avec l'image du Front national de Jean-Marie Le Pen.

Les attentats islamistes des années 2010, aussi, ont changé la donne. Ce qui prime désormais, c'est la lutte contre l'islamisme radical. Lutte que les lepénistes partagent avec Benyamin Nétanyahou et son gouvernement d'extrême droite.