Pilote d’avion, mangas, nageur moyen... dix choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur Léon Marchand
Une soirée hors du temps. C’est ainsi que spectateurs, à la Défense comme devant leur télévision, et Léon Marchand, auteur d’un prodigieux doublé olympique 200 m papillon-200 m brasse en l’espace de deux heures, se souviendront de la soirée du mercredi 31 juillet. Superstar annoncée des Jeux, le Toulousain a répondu présent, avec la manière, en apothéose déjà d’une trajectoire météorique.
Il est né dans l'eau
Le prodige français est issu d'une droite lignée de nageurs français. Son père Xavier Marchand, spécialiste comme lui du quatre nages, a pris part à deux finales olympiques en 1996 (8e) et 2000 (7e), et a même décroché l'argent mondial de la spécialité entre-temps (1998). Sa mère Céline Bonnet, elle aussi amatrice entre autres du quatre nages, est multi championne de France, tandis que son oncle Christophe Marchand a lui aussi été nageur olympique, en 1988 et 1992.
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Entraîné par le plus réputé des entraîneurs, il est resté fidèle à son premier entraîneur
Façonné au quotidien par le très réputé Bob Bowman, historique entraîneur du légendaire Michael Phelps, Léon Marchand a gardé des liens professionnels avec son premier entraîneur, Nicolas Castel. Ce dernier, coach à Toulouse au quotidien, était naturellement aux premières loges à la Défense Arena, mercredi soir. «Je n'ai pas de mots pour définir ce qu'on vient de vivre, c'est incroyable, un bonheur immense, s'est réjoui l'intéressé. Le vivre dans cette ambiance et voir Léon si heureux, ça nous rend très fier et heureux pour lui.»
Il aimerait avoir sa licence de pilote d'avion privé
En parallèle de sa brillante carrière dans les bassins, le nageur n'a certainement pas délaissé les études. Titulaire d'un baccalauréat scientifique mention très bien, le Toulousain a poursuivi des études d'informatique à l'université Toulouse III-Paul-Sabatier et rêve surtout d'obtenir une licence de pilote d'avion privé. Une quête forcément moins évidente depuis qu'il a traversé l'Atlantique. «J'ai réussi à faire quand même une quinzaine d'heures aux Etats-Unis l'année dernière, mais il faut que je m'y remette», confiait-il à l'AFP il y a déjà un an et demi.
Il aime les échecs et les mangas
Il fait quoi Marchand en dehors des bassins ? Il poursuit ses études, donc, mais il prend aussi du bon temps en regardant des séries et en lisant des mangas. Une passion qui l'avait mené aux selfies du public japonais lors des Mondiaux de Fukuoka l'an dernier, première pierre d'une carrière de légende annoncée.
Il est plus fort sous l'eau que sur l'eau
Renommé aussi bien pour sa capacité d'endurance et d'enchaînement hors norme que pour sa polyvalence avec le quatre nages, le prodige français doit ses succès à ses coulées fantastiques. Telle «l'ondulation du dauphin», Marchand possède un net avantage sur la concurrence une fois sous l'eau, où il peut récupérer un temps précieux sur des adversaires potentiellement mieux outillés physiquement, comme le Hongrois Kristof Milak, avalé dans les 50 derniers mètres du 200 m papillon. Une coulée toutefois réglementée puisqu'elle ne peut pas excéder 15 mètres, ce qui avait valu une disqualification à l'intéressé aux championnats universitaires américains l'an passé.
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Il est déjà le nageur français le plus titré de la natation française
Avant lui, aucun nageur tricolore n'avait réussi l'exploit de décrocher plusieurs fois l'or olympique. Alors le faire trois fois, et éventuellement quatre vendredi, c'est banaliser l'exceptionnel. Par ailleurs quintuple champion du monde en 2023, Marchand est déjà au panthéon de la natation française, mais aussi du sport français… et mondial, aussi, tant les acteurs internationaux sont déjà unanimes à son sujet. Mieux encore, sur ces Jeux, il serait à lui seul neuvième au tableau des médailles.
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Son club de cœur, à Toulouse, a vu passer des légendes
Exilé depuis plusieurs années aux Etats-Unis, le Toulousain a fait ses armes dans la Ville Rose, et plus précisément du côté du club des Dauphins du Toulouse olympique employés club (TOEC). Un club rendu célèbre par ses précédents sociétaires Jean Boiteux (premier champion olympique français en 1952) et Alfred Nakache, le «nageur d'Auschwitz», ancien grand espoir de la natation française qui a donné son nom à la piscine municipale du TOEC et à bien d'autres en France, comme dans le 20e arrondissement de Paris.
Il a un corps «commun» et était un nageur moyen
Autrement moins imposant qu'un Michael Phelps ou même que Kristof Milak, son rival hongrois sur 200 papillon, Marchand possède un corps en apparence moins athlétique que bien des concurrents. Un physique presque «commun», longtemps gringalet, qui allait de pair avec des performances tout à fait modestes jusqu'à ses 13-14 ans, «moyen-bon partout», répète-t-on. Et c'est aussi pour ça que l'intéressé, avant d'exploser en optant pour le quatre nages à 15 ans, a souhaité garder l'esprit occupé par les études. «Il ne faut pas lâcher les cours, on ne sait jamais, il faut une porte de secours», notait justement l'étudiant en terminale S, en 2019.
En 2020, il a failli tout arrêter
Il y a quatre ans maintenant, en plein confinement, Marchand passe un coup de téléphone à Thierry Sammut, connu comme le mentor des grands nageurs français. Le prodige en devenir veut tout arrêter, «il vivait une période très délicate, n'arrivait plus à performer et ne trouvait plus de sens à ce qu'il faisait dans l'eau», se souvient Sammut, qui souhaitait pourtant s'éloigner de la natation. Quatre ans plus tard, les deux hommes sont plus unis que jamais, et son protégé au firmament de son sport.
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Longtemps «timide», Marchand cherche désormais à «kiffer, tout simplement»
«Avant, je savais que j'étais nageur, mais en dehors de ça, je n’avais rien, quoi.» Ancien adolescent par forcément très prometteur, Marchand n’était pas forcément très épanoui dans la vie, perdu dans ses questionnements permanents. « Avant, je ne m'aimais pas autant que maintenant, je me sentais timide», racontait-il pour Brut en 2022. Deux ans plus tard, sur le toit de l’Olympe, le Toulousain ne visualise plus ses courses en avance et «cherche tout simplement à kiffer». «Je n’ai aucune limite quand je m’amuse», et ça se voit.