« La force ne se mesure pas au nombre de personnes que vous pouvez faire exploser » : Face aux accusations en antisémitisme de Netanyahou, la France et l’Australie répliquent

Emmanuel Macron découvre à ses dépens les manœuvres dont son gouvernement a profité pour disqualifier l’opposition politique – notamment une partie de la gauche – pendant près de deux ans. Alors que les accusations en antisémitisme se sont multipliées pour éteindre toute forme de soutien au peuple palestinien dans l’Hexagone, c’est maintenant au tour du président de la République d’être pris à charge par Tel-Aviv sur ce terrain.

Devenu la cible du gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou pour avoir annoncé, fin juillet, vouloir reconnaître l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, Emmanuel Macron est accusé « d’alimenter le feu antisémite » par le premier ministre israélien. Toujours plus proche d’atteindre son objectif – à savoir l’annihilation du peuple palestinien sous prétexte de poursuivre une mission divine -, Benyamin Netanyahou intime ainsi à son homologue de « remplacer la faiblesse par l’action, l’apaisement par la volonté, et à le faire avant une date claire : la nouvelle année juive, le 23 septembre 2025 ».

« La période exige gravité et responsabilité »

« Ces dernières années, l’antisémitisme a ravagé les villes françaises », a-t-il ainsi lancé, affirmant qu’il a encore augmenté depuis la décision française sur l’État palestinien. La réponse de l’Élysée ne s’est pas fait attendre : cette analyse « est erronée, abjecte et ne demeurera pas sans réponse ». Emmanuel Macron a prévu de répliquer formellement auprès du premier ministre israélien. « La période exige gravité et responsabilité, pas amalgames et manipulations, a conclu la présidence française. La République protège et protégera toujours ses compatriotes de confession juive. »

Dans sa lettre, Benyamin Netanyahou liste plusieurs incidents récents, tels que le saccage de l’entrée de bureaux de la compagnie aérienne israélienne El Al à Paris, l’agression d’un homme juif à Livry-Gargan, ou des rabbins « agressés dans les rues de Paris ». Le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a répondu, au travers d’un communiqué, à Benyamin Netanyahou, considérant « cette attaque comme injustifiée et hostile à la paix et au consensus international sur le principe d’une solution à deux États ».

L’Autorité palestinienne ajoute que « le vieux disque qui entretient la confusion entre la critique de l’occupation israélienne et ses crimes ou le soutien aux droits du peuple palestinien à la paix et l’indépendance avec l’antisémitisme ou la haine contre les juifs s’est rayé, a-t-elle ajouté. Personne n’est dupe. » L’annonce de la France quant à la reconnaissance de l’État de Palestine a entraîné, dans son sillage, une flopée de soutiens. Dans la foulée, plus d’une dizaine de pays occidentaux parmi lesquels le Canada, ainsi que l’Australie, ont appelé d’autres nations du monde à faire de même.

« Alimenter le feu antisémite »

Le premier ministre du dernier pays cité, Anthony Albanese, a lui aussi été la cible des diatribes de Benyamin Netanyahou. Selon la presse australienne, le dirigeant israélien a envoyé une lettre à son homologue, le 17 août, dans laquelle il accuse ce dernier d’avoir « abandonné les Juifs d’Australie ». Benyamin Netanyahou y tente de se justifier en louant les prises de position de son dernier soutien inconditionnel au sein de la communauté internationale : Donald Trump. Le premier ministre génocidaire a ainsi vanté la politique du président des États-Unis, pour son « combat » contre les crimes antisémites et pour vouloir « protéger les juifs américains ».

Canberra a fustigé, mercredi 20 août, le « déchaînement » de critiques de Tel-Aviv, dont le dirigeant a aussi accusé Anthony Albanese d’être un « politicien faible » qui a « trahi » Israël. « La force ne se mesure pas au nombre de personnes que vous pouvez faire exploser ou d’enfants que vous pouvez laisser affamés », a rétorqué le ministre des Affaires intérieures australien Tony Burke, sur la chaîne nationale ABC.

L’Australie avait déjà commencé à agir en début de semaine. Canberra a notamment annulé, lundi 18 août, le visa de Simcha Rothman, député d’extrême droite membre de la coalition gouvernementale de Benyamin Netanyahou, estimant que ses conférences sur place allaient sinon « semer la division ».

Tel-Aviv avait quant à elle riposté dès le lendemain, en révoquant les visas de diplomates australiens auprès de l’Autorité palestinienne. Jusqu’ici bénéficiaire du soutien, ou du moins d’une grande passivité, des puissances occidentales – de l’Europe à l’Amérique du Nord -, Benyamin Netanyahou tente ainsi de maintenir la pression… et de tuer définitivement les espoirs d’un État palestinien.

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