Reconnaissance de la Palestine : Keir Starmer ouvre la porte et fixe des conditions bancales à Israël
Il hésitait, soumis à la pression de l’opinion publique, d’un grand nombre d’élus et de ministres travaillistes autant qu’à son tropisme pour la prudence. Finalement, Keir Starmer a tranché par un drôle de compromis en optant pour une reconnaissance d’un État de Palestine avec une forme de condition : celle-ci interviendra sauf si Israël prend un certain nombre d’engagements. Mardi 29 juillet, le premier ministre britannique l’a annoncé, lors d’une réunion extraordinaire de son cabinet, convoqué en urgence.
« Le premier ministre a annoncé que, en raison de la situation de plus en plus intolérable à Gaza et des perspectives de moins en moins plausibles d’une solution menant à deux États, le temps est venu d’avancer, a déclaré un porte-parole de Downing Street. Le Royaume-Uni reconnaîtra l’État de Palestine en septembre, avant l’Assemblée générale des Nations unies, à moins que le gouvernement israélien prenne des mesures substantielles pour mettre fin à la situation terrible à Gaza, accepte un cessez-le-feu, soit clair sur le fait qu’il n’y ait pas d’annexion de la Cisjordanie et s’engage dans un processus de paix sur le long terme qui mènera à une solution à deux États. »
Il y a peu de probabilités que la coalition au pouvoir à Tel-Aviv donne suite à ces exigences, auquel cas elle le paierait de son unité : la frange la plus extrémiste la ferait voler en éclats à la moindre concession. Mais la déclaration de Keir Starmer soulève certaines questions de principe.
Des exigences bancales
La reconnaissance d’un État constitue un acte diplomatique fort et symbolique qui rend justice au droit des peuples à l’autodétermination. Celui des Palestiniens dépendrait donc du bon vouloir de la puissance occupante à concéder un peu de répit ou un peu moins d’oppression ? Quand bien même Benyamin Netanyahou s’engagerait à ne pas annexer la Cisjordanie, ce territoire demeurerait occupé et colonisé. Le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, pourrait-il se satisfaire d’une telle situation ?
Emmanuel Macron avait lui-même émis une condition : que cet État de Palestine soit démilitarisé. Ce qui, là aussi, contrevient aux droits des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le chef de l’État doit se montrer rassuré que son puissant voisin l’accompagne dans son initiative lancée jeudi 24 juillet. Dans un entretien à l’hebdomadaire la Tribune dimanche, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, annonçait que « des pays européens confirmeront à leur tour leur intention de reconnaître l’État de Palestine » lors d’une conférence qui s’est tenue lundi et mardi à New York sous l’égide des Nations unies. Voilà qui est fait… de manière bancale.
Keir Starmer entend sans doute se prémunir de toutes critiques et, en posant des conditions, renvoyer la responsabilité à Benyamin Netanyahou. Mais il ouvre également une porte au manœuvrier cynique qu’est le premier ministre israélien. Pour autant, une dynamique est peut-être en train de se créer, qui serait renforcée par une reconnaissance inconditionnelle venant d’autres pays.
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