Nucléaire iranien : Paris, Londres et Berlin menacent Téhéran de sanctions

L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, qui forment l’E3, ont indiqué jeudi dans une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU que « sur la base de preuves factuelles », ils estiment que l’Iran est en position « de non-respect important de ses engagements » en vertu de l’accord sur le nucléaire de 2015, le JCPOA. Les trois administrations disent invoquer « le mécanisme connu sous le nom du snapback ».

Ce mécanisme ouvre la voie à une reprise potentielle de sanctions suspendues il y a dix ans par les Européens. Cette décision intervient alors que des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), se trouvent en Iran pour surveiller le remplacement du combustible dans la centrale nucléaire de Bouchehr.

L’AIEA de retour en Iran

Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a déclaré que l’Iran avait autorisé les inspecteurs à revenir cette semaine, mais qu’ils ne pouvaient pas visiter les principaux sites nucléaires bombardés à Fordow, Natanz et Ispahan.

Berlin, Paris et Londres ont exigé que Téhéran réadmette l’organisme de surveillance nucléaire de l’ONU sur l’ensemble des sites nucléaires.

Plus tôt dans la semaine, l’Union européenne, qui soutient le JCPOA, avait participé aux négociations entre l’E3 et l’Iran, notamment à Genève. L’Europe a réclamé des détails sur ce qu’il est advenu des quelque 400 kg d’uranium hautement enrichi stockés par l’Iran après les attaques israéliennes de juin.

Cette mesure risque de provoquer la pire crise dans les relations entre l’Iran et l’Occident depuis les attaques israéliennes contre les sites nucléaires du pays en juin.

La confirmation du retour partiel des inspecteurs mercredi a été accueillie par des protestations de la part des responsables iraniens, qui affirment que les conditions préalables strictes qu’ils avaient fixées n’ont pas été respectées.

Après l’opération militaire israélienne qui a coûté la vie à 1 000 personnes en Iran, dont des hauts responsables militaires et scientifiques, le parlement a adopté une loi imposant des conditions préalables au retour de l’AIEA.

L’Europe mise sur des concessions

Téhéran considère l’agence onusienne comme complice des attaques israéliennes et s’est également plaint que l’AIEA n’ait jamais condamné les attaques israéliennes. Les responsables iraniens ont également déclaré que seuls les inspecteurs russes de l’AIEA seraient autorisés à se rendre à Bouchehr.

Ce mécanisme du snapback ne peut pas être rejeté par les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU tels que la Russie et la Chine. Moscou a proposé à l’ONU que le rétablissement des sanctions soit reporté de six mois, jusqu’au 18 avril, afin de donner plus de temps à la diplomatie, mais elle ne dispose pas des voix nécessaires au Conseil de sécurité.

Les autorités russes ont mis en garde contre des « conséquences irréparables » en cas de nouvelles sanctions internationales. Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a fustigé cette décision comme « un grave facteur de déstabilisation qui sape les efforts à différents niveaux pour trouver des solutions à base de négociations ».

Moscou a appelé au rétablissement « d’un dialogue constructif » entre toutes les parties impliquées, afin d’éviter une « nouvelle crise » liée au dossier nucléaire iranien.

L’Iran prépare déjà des contre-mesures alors que ces dernières semaines, la population connaît de grosses difficultés d’accès à l’eau et à l’électricité, provoquant des manifestations. De leur côté, les pays européens envisagent que cette menace provoquera des concessions de la part de l’Iran.

Être le journal de la paix, notre défi quotidien

Depuis Jaurès, la défense de la paix est dans notre ADN.

  • Qui informe encore aujourd’hui sur les actions des pacifistes pour le désarmement ?
  • Combien de médias rappellent que les combats de décolonisation ont encore cours, et qu’ils doivent être soutenus ?
  • Combien valorisent les solidarités internationales, et s’engagent sans ambiguïté aux côtés des exilés ?

Nos valeurs n’ont pas de frontières.

Aidez-nous à soutenir le droit à l’autodétermination et l’option de la paix.
Je veux en savoir plus !