Turquie : près de 300 arrestations en cinq jours, comment Ankara poursuit la répression des Kurdes

Près de 300 personnes ont été arrêtées au cours des cinq derniers jours dans une opération ciblant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à travers la Turquie, a annoncé mardi 18 février le ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya. Ces arrestations, qui ont aussi ciblé trois journalistes, ont été effectuées dans une cinquantaine de provinces du pays dont celles d’Istanbul, Ankara et des régions à majorité kurde à l’Est.

Plusieurs ont visé des responsables du parti prokurde DEM, troisième force au Parlement, directement impliqué dans le dialogue initié avec Abdullah Öcalan, fondateur et chef historique du PKK et emprisonné à vie depuis 1999. « Lors des opérations qui se poursuivent depuis cinq jours contre le PKK dans 51 provinces, 282 membres présumés d’organisations terroristes ont été capturés », a déclaré le ministre sur X alors même que se poursuivent les négociations entre le gouvernement avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en vue d’une trêve.

Soixante arrestations ordonnées en une matinée

« Il est clair que la possibilité d’une solution et d’une paix commence à faire perdre le sommeil à certaines personnes », a réagi le DEM. « Chaque jour des opérations sont menées contre ceux qui veulent une solution et la paix », accuse-t-il. Soixante de ces opérations ont été ordonnées pour la seule matinée de mardi 18 février, visant entre autres des membres de ce parti. Et cinquante-deux arrestations ont bien été menées, a précisé le procureur d’Istanbul dans un communiqué.

« D’un côté, (le président Recep Tayyip Erdogan) poursuit ces négociations avec le PKK, sans avoir vraiment adhéré à cette idée. De l’autre, il continue comme d’habitude avec les Kurdes, c’est-à-dire qu’il les cible, les emprisonne, les désigne et s’en prend aux édiles kurdes démocratiquement élus », résume, auprès de l’AFP, Gönul Tol, du Middle East Institute à Washington.

Face à la répression, les mobilisations ne désarment pas pour autant. 20 000 Kurdes venus de toute l’Europe se sont rassemblés à Strasbourg, samedi 15 février, pour réclamer une nouvelle fois la libération d’Abdullah Öcalan, détenu depuis 26 ans sur l’île prison d’Imrali en Turquie.

Parmi les manifestants, Maya, 20 ans, habite en Allemagne pour ses études, mais elle souhaite retourner dans le Rojava sitôt qu’elle aura obtenu ses diplômes. « Actuellement, je ne vois qu’une seule chose qui peut nous sauver, c’est un état indépendant qui protège nos enfants, expliquait-elle à l’Humanité. Je rêve d’un Kurdistan indépendant. Nous ne sommes pas des terroristes, nous voulons, comme tout le monde, la liberté de vivre en paix ».

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