Ce qu'il faut retenir de la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine sur l'avenir de l'Ukraine

Une rencontre rapide et un bilan très incertain. La réunion entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump a débuté vers 21h30 vendredi et s'est finie peu après minuit, samedi 16 août, alors que le Kremlin avait annoncé "au moins six à sept heures" de négociations. Les présidents se sont ensuite exprimés lors d'une conférence de presse pendant une douzaine de minutes, devant un fond bleu portant l'inscription "Pursuing Peace" ("Œuvrer pour la paix"). Ils se sont simplement serré la main après avoir fini leurs discours et sont partis sans répondre aux journalistes qui, debout, les assaillaient de questions. Ils auront passé en tout et pour tout six heures en Alaska.

Aucun détail concret n'a filtré sur les échanges

Le président américain a parlé d'une réunion "très productive" et Vladimir Poutine a salué un entretien "constructif". Mais en réalité, rien n'a filtré immédiatement de leurs trois heures de discussion sur une base militaire de l'Alaska. Aucun des deux chefs d'Etat n'a évoqué les points qui avaient fait l'objet d'éventuelles avancées, et ceux qui étaient encore synonymes de blocages. 

Le président américain, qui aime à se présenter en négociateur décisif, a assuré pendant des déclarations conjointes à la presse qu'il restait "très peu" de points à régler pour trouver une issue à la guerre déclenchée il y a plus de trois ans par l'invasion russe de l'Ukraine. "L'un d'entre eux est probablement le plus important", a ajouté Donald Trump, mais sans dire lequel. Vladimir Poutine, sur la même tonalité engageante et cordiale, a dit espérer que "l'entente" trouvée en Alaska apportera "la paix" en Ukraine. Mais là non plus, sans donner aucun détail.

"Nous n'y sommes pas, mais nous avons fait des progrès. Il n'y a pas d'accord jusqu'à ce qu'il y ait un accord", a ensuite averti le président des Etats-Unis, avant de redécoller pour Washington. Ce qui ajoute encore au mystère.

Donald Trump met la pression sur l'Ukraine...

Le milliardaire de 79 ans s'était fixé pour ambition d'organiser très vite un sommet tripartite avec le chef d'Etat russe et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, et de décrocher un cessez-le-feu. Il n'a rien évoqué de tout cela aux côtés de Vladimir Poutine, face aux journalistes. Mais dans un entretien sur la chaîne Fox News enregistré juste après les déclarations à la presse, Donald Trump a estimé qu'un accord pour mettre fin à la guerre "dépendait vraiment du président" ukrainien Volodymyr Zelensky. Ce dernier était le grand absent de ce rendez-vous. Il attend désormais, avec les dirigeants de l'UE, que l'imprévisible président américain les informe de la teneur de son entrevue.

L'Ukraine et les Européens redoutaient par-dessus tout que ce sommet ne permette à Vladimir Poutine de manipuler son homologue américain, qui avait évoqué en amont la possibilité de concessions territoriales. Donald Trump a affirmé qu'il appellerait dans la foulée les dirigeants de pays de l'Otan ainsi que Volodymyr Zelensky, disant à propos des Ukrainiens : "En dernier ressort, cela dépend d'eux".

... et abandonne l'idée des sanctions contre Moscou

Au contraire, avec son homologue russe, le président américain n'a plus eu le ton quelque peu bravache d'avant la rencontre, lorsqu'il menaçait de claquer la porte en cas d'impasse, ou assurait qu'avec lui Vladimir Poutine ne "ferait pas le malin". Donald Trump, qui avait pourtant menacé la Russie de "conséquences très graves" si elle n'acceptait pas de mettre un terme à la guerre, a précisé qu'il n'envisageait plus de mesures dans l'immédiat. "Vu comme cela s'est passé aujourd'hui, je ne pense pas que je doive penser à cela maintenant", a-t-il déclaré, en réponse à une question de Fox Nexs.

Une cordialité affichée entre les deux dirigeants

A la fin de la conférence de presse, Donald Trump a estimé qu'il pourrait revoir "très bientôt" le président russe. Ce à quoi Vladimir Poutine a réagi en lançant, en anglais, "la prochaine fois à Moscou", sur un ton léger. "J'imagine que cela pourrait arriver", a rétorqué le président américain, amusé. Avec ce sommet au ton chaleureux, Vladimir Poutine signe un spectaculaire retour sur la scène internationale, alors que le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale continue.

Donald Trump avait brièvement applaudi pendant que son homologue russe s'avançait vers lui sur le tarmac, lors de son arrivée dans l'après-midi. Ont suivi des poignées de mains et des sourires dans une mise en scène exposant toute la puissance militaire américaine, avec des avions de combat de pointe rangés auprès du tapis rouge et survolant les deux hommes. Vladimir Poutine est ensuite monté dans la voiture blindée de Donald Trump où ils ont eu un court tête-à-tête, avant leur réunion en compagnie de quelques conseillers.