La milieu de terrain Amel Majri a mis un terme, samedi 11 octobre, à 32 ans à sa carrière internationale avec l'équipe de France, son "Graal", après sa dernière compétition à l'Euro en Suisse en juillet, où elle a pris "du plaisir". Avec 82 sélections et 13 buts au compteur avec la France, Amel Majri a longuement réfléchi à cette fin de carrière, dès la fin de l'Euro, avant de prendre cette décision après une discussion avec le sélectionneur Laurent Bonadei.
Quelles sont les raisons de votre retraite internationale ?
Amel Majri : Il y a plusieurs raisons. D'abord le fait que je n'ai pas eu beaucoup de temps de jeu à l'Euro et que le sélectionneur m'appelait surtout pour mon expérience. Il y a le fait aussi que je joue en Arabie saoudite et comme il y a moins d'intensité, j'allais être moins appelée. Je ne me vois pas dans ce rôle de remplaçante qui est appelée pour son expérience car je suis une compétitrice. Je préfère que ce soit une jeune qui puisse bénéficier de tous ces matches pour acquérir de l'expérience.
J'avais déjà cette idée en tête après l'Euro donc quand Laurent Bonadei m'a appelé pour me dire que je ne serai pas appelée au prochain rassemblement, cela a conforté ma décision. Je ne voulais pas être dans la frustration. Avec le sélectionneur, on était sur la même longueur d'onde, la discussion a été bonne.
Est-ce en lien avec l'échec en quart de finale de l'Euro cet été ? Avez-vous eu de la frustration pendant cette compétition (titulaire un match et neuf minutes en quart de finale) ?
Oui et non : frustration d'une manière générale parce que j’aurais aimé gagner un trophée avec l'équipe de France et il y a un peu de regret de finir sur ce match contre l'Allemagne avec un pénalty loupé. Mais j'ai adoré l'aventure humaine et le jeu qu'on a proposé, même si j'aurais aimé aider l'équipe un peu plus car j'en avais les capacités, sachant je faisais des bonnes entrées avec l'OL.
C'est un échec en termes de résultat mais pas en termes d'émotions car le groupe marchait super bien, on jouait bien et on avait trouvé une identité, je me disais qu'on allait gagner l'Euro. J'ai pris beaucoup de plaisir, que ce soit les regarder sur le banc ou jouer avec elles. La cohésion de groupe a été bonne car on a pris conscience qu'il fallait se dire les choses, même positives. Or, on le faisait très peu avant. Le préparateur mental [Thomas Sammut] nous a fait du bien.
Comment avez-vous vécu les critiques sur votre tir au but manqué ?
Les premiers jours cela a été dur, je me suis éloignée des réseaux sociaux. J'ai pris une course d'élan particulière mais si j'avais marqué le pénalty, on ne m'aurait rien dit. Bien après la compétition, ma famille m'a envoyé des montages qui m'ont fait rire. Il faut savoir repartir. Les insultes ne me touchaient pas, je suis détachée de tout cela, je ne suis pas là pour plaire aux gens, le principal c'est que ma famille soit là.
Qu'est-ce que vous retenez de votre expérience chez les Bleues ? Et que retiendront les gens de vous ?
Cela a été un honneur de représenter mon pays, et d'avoir rendu fière ma famille. L'équipe de France, c'est le Graal. Je suis aussi heureuse d'avoir pu apporter aux Bleues même si on n'a pas gagné de trophées. J'ai essayé de transmettre de la passion, de la joie et des sourires, j'ai toujours tout donné et j'ai essayé de donner du plaisir.
Avez-vous des échecs avec les Bleues ?
La carrière est constituée d'échecs et de réussites. On aurait toutes aimé avoir un trophée, jouer tous les matches et être élue meilleure joueuse d'un tournoi. Mais je suis contente de ma carrière, j'ai connu les Bleues jeune, à 21 ans, j'ai joué avec de très grandes joueuses, j'ai aimé mes coéquipières, j'ai tout vécu, j'ai vécu la Coupe du monde en France. Si c'était à refaire, je ferai la même carrière.