REPORTAGE. Euro 2025 : dans le quotidien des "mamans" de l'équipe de France, autorisées à venir avec leurs bébés pendant la compétition

À Heiden, la SeeAllee sépare le jardin d'été du camp de base des Bleues. Un lieu très fréquenté par Océane Inconnu et Anaë, un an, la compagne et la fille de Constance Picaud. Comme en 2024, lors des Jeux olympiques à Paris, elles suivent les traces de la gardienne de but des Bleues pendant toute la compétition. Infirmière puéricultrice, la jeune femme se dit "très chanceuse de pouvoir participer à cet Euro".

Avant d'ajouter : "Etre présente avec Constance, c'est génial ! Cela lui permet de ne pas rater plein de choses avec Anaë. Par exemple, elle a fait ses premiers pas en équipe de France, des étapes qui sont hyper importantes..."

Prise en charge complète par la FFF de l'enfant et d'un accompagnant

La principale intéressée, Constance Picaud, avoue volontiers qu'il aurait été impensable de venir en Suisse sans sa fille : "C'est vraiment essentiel. Si on fait le compte, si nous allons au bout, nous pourrions être parties plus de 40 jours, préparation incluse. Pour moi, je l'avoue en toute transparence, cela n'aurait pas été possible." Un dispositif qui bénéficie également à Amel Majri, la milieu de terrain des Bleues, qui a d'ailleurs été la pionnière en la matière, en amenant sa fille Maryam, en Australie, pour le Mondial 2023.

Depuis 2023, un protocole a en effet été mis en place entre les joueuses et la Fédération française de football, acté sous Corinne Diacre et appliqué pour la première fois avec Hervé Renard. La FFF couvre ainsi les frais de déplacement, d'hébergement et de restauration pour un enfant en bas âge et un accompagnant.

À Heiden, l'hôtel est à quelques mètres à pied de celui des Bleues. Avec des temps accordés aux familles à des moments précis.

"Ce n'était pas trop facile au début, mais avec la présence d'un enfant, cela aide. Avec ma compagne, c'est assez clair : c'est elle qui me dit quand je peux venir, pour ne pas venir interférer dans les moments de groupe. Très souvent, la veille au soir, elle me donne le planning et sur les moments off, je peux intervenir."

Océane Inconnu, compagne de Constance Picaud

à franceinfo

Ce qu'a confirmé Constance Picaud en conférence de presse, il y a de cela quelques jours. "Cela ne change rien par rapport au groupe, je suis là pour l'équipe de France, pour m'entraîner. Simplement, quand il y a une heure de libre, je me permets de les voir dans notre hôtel sans déranger le groupe. Mais ce n'est pas la garderie !", précisait-elle, dans un grand éclat de rire.

Un dispositif étendu au staff technique

Et il n'y a pas que les joueuses qui bénéficient de ce protocole : c'est également le cas du staff technique, comme Sabrina Viguier, entraîneure adjointe, ainsi que l'attachée de presse Laura Goutry, maman d'un petit Théo depuis huit mois. "La question s'est posée naturellement, les joueuses en ont parlé avec la Fédération, glisse-t-elle à franceinfo. Le président Diallo et le vice-président Aulas ont accédé à cette demande pour être intégrée au protocole joueuses. Quand on parle d'un bébé, cela devenait une condition essentielle... Et ça change tout : on est plus rassurées, on est plus à l'aise dans l'exercice de nos fonctions et moins stressées par ce qu'il se passe à la maison", assure la communicante.

Constance Picaud à son arrivée à Clairefontaine, au centre national du football, en 2023. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)
Constance Picaud à son arrivée à Clairefontaine, au centre national du football, en 2023. (LE PARISIEN / ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Une présence en tout cas qui ravit les joueuses. Ou plutôt les "taties", comme elles se surnomment. "Dès que les enfants sont dans la salle, dans la pièce c'est une autre ambiance qui se met en place", sourit Océane Inconnu. Ma fille va vers tout le monde, passe dans les bras de tout le monde. Elle vit sa meilleure vie, c'est génial !" "On est des tatas gâtés", confirme en plaisantant Sandie Toletti. Constance Picaud estime pour sa part : "J'ai la sensation que les filles apprécient et que cela leur donne une bouffée d'oxygène."

"Franchement ça fait du bien de les voir courir partout, crier, jouer, tomber !" 

Melween N'Dongala

à franceinfo

Une expérience inédite pour les accompagnants. "Sur une compétition, c'est enrichissant : elle a le côté sportif, moi j'ai l'autre côté plutôt sympa. On est là à tous les matches, toutes les victoires, les défaites aussi quand il y en a..., souligne Océane Inconnu. Ce que j'aime, c'est quand Anaë est aux matches. Pour ma fille, c'est top, elle va dans les stades avec son petit casque antibruit, à faire la fête à agiter les drapeaux... Elle ne s'en souviendra peut-être pas, mais ce sont des souvenirs incroyables, qu'on enregistre et qu'on garde pour après. Elle ne le sait pas encore, mais elle a énormément de chance".

Les pionnières Amel Majri et Constance Picaud comptent bien faire des petits et des petites. "Peut-être que ce sera notre tour un jour, on ne sait pas", glisse malicieusement Sakina Karchaoui. "C'est hyper important que de telles choses évoluent dans ce monde-là qui est quand même assez particulier", conclut Océane Inconnu. "On est dans un stade dans notre vie où on ne devrait pas avoir à choisir entre vie personnelle et vie professionnelle. On est là pour montrer que c'est possible et qu'on sera là pour le faire perdurer, car ce n'est que du positif", conclut la maman.