Moscou refuse de céder sur un cessez-le-feu en Ukraine

C'est une semaine de bascule diplomatique, où tous les acteurs concernés par la guerre en Ukraine semblent pousser leurs pions au maximum, pour faire bouger les lignes. Mise sous pression par l'appel au cessez-le-feu lancé par les dirigeants européens en visite à Kiev samedi dernier, la Russie n'a toujours pas donné suite. Elle avait jusqu'à lundi soir pour le faire, mais la seule réaction venue du Kremlin a été celle du porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, qui a dénoncé le "langage des ultimatums" employé par les alliés de l'Ukraine. "On ne peut pas parler ainsi à la Russie", a-t-il froidement riposté, en guise de réponse aux menaces de sanctions, promises en cas de blocage par les Européens, avec l'aval des États-Unis.

En attendant d'éventuelles annonces mardi 13 mai, Volodymyr Zelensky a souligné dans son adresse quotidienne à la population ukrainienne, l'absence d'efforts de Moscou, tout en maintenant la pression sur Vladimir Poutine. "La Russie continue ses bombardements, et Moscou est resté silencieux sur le cessez-le-feu et sur la proposition d'une rencontre" a-t-il constaté. "Un silence très étrange", a conclu le président ukrainien, qui répète qu'il attendra son homologue à Istanbul jeudi.

Dialogue de sourds ou le jeu de dupes en cours

Il pourrait d'ailleurs y croiser Donald Trump, qui juste avant de s'envoler pour l'Arabie saoudite, a mis un peu de pression lui aussi en expliquant qu'un détour par la Turquie lors de son déplacement n'était pas impossible. "Je ne sais pas où je serai jeudi, j'ai tellement de réunions", a lancé le président américain, "mais je pourrais y aller si je pense que quelque chose peut arriver", a-t-il ajouté pour placer le président russe dos au mur, dans l'hypothèse d'une scène où Trump et Zelensky se retrouveraient face à une chaise vide.

Il y a encore un monde pour imaginer Vladimir Poutine faire le déplacement en personne. L'homme fort du Kremlin déteste qu'on lui impose un agenda, et donner l'impression d'agir sous la pression. Depuis trois jours, le président russe joue la montre, comme souvent, et refuse toute négociation sans discussions préalables sur ce qu'il appelle les "causes profondes" de la guerre. Dans son langage, ça signifie la présence de l'OTAN ou d'armes occidentales aux frontières de la Russie. Une ligne rouge qui résume le dialogue de sourds ou le jeu de dupes en cours : tout ce que propose Moscou est inacceptable pour Kiev, mais la Russie ne veut pas négocier dans un cadre fixé par l'Ukraine et ses alliés.

Sans parler de "paix impossible", un accord paraît en tout cas encore bien loin, tant les positions sont éloignées, et la défiance immense. Pour faire des concessions, l'Ukraine a besoin de garanties de ne plus être envahie, mais ces garanties sont précisément vécues par Moscou comme des menaces. La définition d'une impasse. Pour en sortir, la clé repose autant sur le Kremlin, que sur la stratégie du président américain, toujours dans l'espoir et l'impatience d'arracher un accord de paix. Jusqu'où peut-il aller pour y arriver ? Mystère et balle de golf.