Au Théâtre Lepic, une « Fête des mères » explosive

Au Théâtre Lepic, une « Fête des mères » explosive

Les reproches fusent, la salle à manger familiale se transforme en terrain de guerre. On ne verra pas la mère mais elle est omniprésente. Thibault Camus

CRITIQUE - Nommée pour le Molière de la meilleure comédie, la pièce saignante d’Adèle Royné met en scène une fratrie pas si tendre.

Passer la publicité Passer la publicité

Un téléphone orange avec un cadran à l’ancienne. Sur une table ronde, des verres renversés, des fleurs et des cotillons. Une soirée arrosée a eu lieu récemment. « Stand-uppeuse », Louise (Adèle Royné) explique ce qui va se passer, donne envie de découvrir les personnages de la Fête des mères, la comédie aigre-douce qu’elle cosigne avec Vincent Gardet. On comprend vite que chacun devrait consulter !

Louise retrouve ses deux frères, Gab (Adrien Rouyard) et Ziggy (Aubin Hernandez) dans la maison familiale pour fêter l’anniversaire de leur génitrice, qu’elle n’a pas vue depuis trois ans. L’aîné est accompagné d’Arthur, son amoureux (Cyril Metzger), le second, de sa dernière petite amie, Florence, qui a le double de son âge (Florence Janas). Ils l’attendent avec impatience.

Sous couvert de présenter une partie de son seule-en-scène, Louise ouvre les hostilités. Les reproches fusent, la salle à manger familiale se transforme en terrain de guerre. On ne verra pas la mère mais elle est omniprésente. Tendre et angélique pour les frères, « salope » pour leur sœur. Un prétexte en tout cas pour régler leurs comptes.

Des moments de folie

Les deux auteurs ont peut-être vu les pièces et ou, les films d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, La Famille Tenenbaum, de Wes Anderson, ou Festen, de Thomas Vinterberg. Ils savent dessiner des personnages familiers pris au piège de retrouvailles hautes en récriminations. La fratrie tombe le masque, les frustrations et les rancœurs ressurgissent, des vérités refoulées éclatent. Au début, on peine à comprendre leurs intentions, mais plus le spectacle avance, plus on est séduit par le tour que prend l’histoire, le jeu des comédiens et la mise en scène à bride abattue. Fête des mères est d’ailleurs nommée pour le Molière de la meilleure comédie.

Les protagonistes gagnent en épaisseur. Les frères se souviennent d’une enfance choyée ; Louise, elle, s’est toujours sentie rejetée. Quant aux pièces rapportées, elles ont leur mot à dire et ne s’en privent pas. Le carnage est ponctué de moments de folie dont nous régale le personnage de Florence. Son interprète, Florence Janas, est inénarrable dans le registre burlesque.

Depuis son one-woman-show, L’Avis d’Adèle en 2019, Adèle Royné connaît son sujet. Leurs partenaires n’ont rien à leur envier. On passe une soirée très gaie. Seul bémol, la pièce est conseillée aux enfants à partir de 12 ans. N’allez pas les perturber !

« Fête des mères », jusqu’au 31 mai au Théâtre Lepic (Paris 18e), puis en tournée.