REPORTAGE. "Mon livret A, je l'ai vidé" : face à l'instabilité politique, les épargnants s'inquiètent
Si les Français épargnent à des niveaux records ces dernières années, l'incertitude et l'instabilité politiques les inquiètent aussi. Le vote de confiance au Parlement le 8 septembre laisse craindre la chute du gouvernement de François Bayrou, voire une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale. La Bourse de Paris est d'ailleurs en baisse, depuis 25 août, jour où le Premier ministre a annoncé la tenue d'un vote de confiance.
Certains épargnants modifient donc leur comportement. Croisée dans les rues de Paris, Claudette confie que l'annonce de Francois Bayrou la conforte dans son choix. "Mon livret A, je l'ai vidé", lâche-t-elle. Cette nourrice de 54 ans a pris une décision radicale, au début du mois d'août, quand le taux a baissé. Elle avait pourtant épargné 20 000 euros.
Les épargnants dans le flou
La raison principale de son choix, c’est l’incertitude politique. "Au moins, je sais que personne n'y touchera. Je ne veux pas qu'on me prenne mon argent pour rembourser ci, rembourser ça", explique Claudette. Elle avoue avoir entendu que, pour rembourser la dette, le gouvernement pourrait piocher dans les livrets A : "Comme je ne m'y connais pas du tout en politique, avec mon mari, on a décidé de remettre l'argent sur notre compte courant. On attend de voir ce qui va arriver". Claudette attend surtout de voir l'évolution de la situation politique en 2027, année de la prochaine élection présidentielle.
Dhikra possède un plus haut patrimoine. Elle possède notamment une résidence principale, des actions sur des comptes Plan d'épargne en actions (PEA) et une petite épargne assurance-vie. Elle va repousser son habituel bilan de rentrée, sur ses investissements. "Par exemple sur des PEA, ce sont des montants que je n'avais pas l'intention certaine d'augmenter, je les ai plutôt laissés tels quels pour le moment, en attendant de voir".
"Je me donne comme dead-line décembre, à moins qu'il ne se passe encore quelque chose d'inattendu."
Dhikra, épargnanteà franceinfo
Ces inquiétudes, Aurélie Yiflach les constate dans son cabinet de gestion de patrimoine. Mais ses clients sont moins soucieux qu'il y a un an : "Quand il y a eu la dissolution, des clients nous ont appelés le lendemain pour faire un rachat total de tous leurs contrats français pour les mettre au Luxembourg, se souvient-elle. Aujourd'hui on n'en est pas là. Les clients commencent à être lassés de ces incertitudes politiques et ce qui les inquiète, c'est qu'ils soient de plus en plus fiscalisés."
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La présidente et fondatrice du cabinet parisien Serenitys Patrimoine entend beaucoup parler de la prochaine élection présidentielle : "Certains clients nous disent clairement qu’ils attendront 2027 pour décider de ce qu’ils feront de leur argent, en particulier pour les investissements immobiliers", précise Aurélie Yiflach.
"Mais attendre trop n'est pas forcément la bonne stratégie."
Aurélie Yiflach, présidente d'un cabint de gestion de patrimoineà franceinfo
Surtout, il ne faut pas surréagir, en ce moment, abonde le nouveau président de la Chambre nationale des conseillers en gestion de patrimoine, Yves Mazin : "Le marché peut baisser un petit peu par peur panique, surtout que les marchés étaient hauts. Mais on ne sait pas encore ce qui va ressortir de toutes ces consultations et si ça se trouve, les choses vont revenir à la normale assez rapidement".
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C'est en tout cas ce qu'il faut espérer selon lui, "parce que ça voudrait dire que les solutions qui seront trouvées seront des compromis acceptables". Pour Yves Mazin, et ses clients : le plus important sera ce qui va sortir des débats sur la loi de finances, plus que du vote de confiance au Parlement.