C’était la toute dernière fois… Le député André Chassaigne dénonce le « coup de force permanent » du gouvernement et puis s’en va
C’était la toute dernière fois. André Chassaigne, député PCF du Puy-de-Dôme pendant vingt-trois ans, a effectué son ultime intervention au sein de l’Assemblée nationale. Loin de se contenter d’un dernier tour d’honneur ou de dérouler les remerciements convenus aux « chers collègues », celui qui s’apprête à retrouver le poste d’adjoint au maire de Saint-Amant-Roche-Savine, commune dont il fut le premier édile entre 1983 et 2010, s’est montré offensif.
Dans la droite ligne de ses combats pour un Parlement au centre de la vie politique française et des mesures sociales fortes, le président du groupe GDR a dénoncé le « coup de force permanent » du gouvernement. « Coup de force contre l’opinion majoritaire des Français, contre la représentation syndicale, contre le Parlement, a-t-il listé. Vous-même, monsieur le premier ministre, n’avez-vous pas délibérément trompé les Français en organisant un conclave de façade, alimentant de faux espoirs chez ceux qui souffrent déjà de la réforme des retraites ? »
« Je vous appelle donc solennellement à un sursaut démocratique »
Selon le parlementaire communiste, François Bayrou, par sa « méthode » et son « programme », « s’aligne dangereusement sur l’agenda de l’extrême droite alors que nous avons plus que jamais besoin d’une nation unie au service de la cohésion et de la paix ». Et d’avertir : « Nous sommes à un point de bascule. Je vous appelle donc solennellement à un sursaut. Oserais-je même dire à un coup de force. Mais à un coup de force démocratique ! »
En réponse, le premier ministre a tenté de « rassurer » André Chassaigne. « La démocratie politique et sociale est vitale. Pour défendre les intérêts de nos concitoyens, il faut que chacun soit à son poste de combat », a-t-il rétorqué sans être plus précis.
Le chef du gouvernement a cependant été plus disert pour rendre hommage au député, lui exprimant sa « gratitude ». « Vous avez été pendant des décennies un visage qui portait l’honneur de notre Parlement, et de la démocratie et de la République », a-t-il fait savoir, saluant une « personnalité profondément enracinée dans le sol de notre pays, portant une vision précieuse de la province et de l’Auvergne ».
Ovation des parlementaires
Un peu plus tôt, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, y était également allée de son hommage. Saluant un « parcours exceptionnel au service des Français » et citant l’ensemble de ses mandats (conseiller général, maire, conseiller régional et député), celle-ci a rappelé l’adoption des « deux lois dites Chassaigne en 2020 et 2021 visant à revaloriser le montant des pensions agricoles ». Une preuve, selon elle, de sa « force de persuasion sur tous les bancs ».
« Avec vous s’éloigne une grande figure de l’Assemblée nationale dont la voix résonnera encore longtemps dans l’Hémicycle. Au nom de tous les Français, je voudrais vous adresser nos plus vifs remerciements pour votre engagement pour notre pays. » Debout, l’Assemblée nationale a ensuite longuement ovationné le président Chassaigne.
Des applaudissements interrompus par le principal intéressé par un trait d’humour plein de malice en référence à son duel perdu face à Yaël Braun-Pivet, au mois de juillet 2024, pour la présidence de l’Assemblée : « Madame la présidente, je me dis que si l’élection au perchoir s’était faite à l’applaudimètre, peut-être que j’aurais eu de la chance ! »
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