"Ce n'est pas une nouvelle stratégie" : pourquoi Israël étend son offensive à Gaza et annonce un nouveau système d'aide humanitaire
C'est une nouvelle étape dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza. Le territoire ne reçoit plus d'aide humanitaire depuis deux mois, il est toujours bombardé par l'armée israélienne, mais le mouvement islamiste n'a pas déposé les armes et continue de détenir des otages. Le cabinet de Benyamin Nétanyahou a annoncé lundi 5 mai qu'il étendait l'opération militaire en cours.
Israël se prépare à occuper Gaza, c'est en tout cas le nouvel horizon du gouvernement israélien qui, depuis début mars, resserre l’étau sur l'enclave palestinienne. Il y a d’abord eu l’arrêt des livraisons d’aide humanitaire, puis la coupure de l’alimentation électrique. Israël occupe désormais un tiers du territoire et les bombardements sont quotidiens, tuant, comme lundi matin, des dizaines de civils.
La stratégie de l’armée israélienne est implacable : tant que le Hamas ne capitule pas et ne libère pas les 59 derniers otages, la pression militaire s’accroît. "L’armée israélienne prépare l’occupation totale de la bande de Gaza et la mise en place d’une administration militaire temporaire", relève l’analyste militaire Kobi Michael, de l’Institut israélien de la sécurité nationale. "L'objectif est de démanteler définitivement le Hamas en tant que puissance souveraine à Gaza. Ce n'est pas une nouvelle stratégie, c'est une étape supplémentaire."
Nétanyahou agite la menace du plan Trump
Une étape supplémentaire, donc. Et si le Hamas ne cède toujours pas, les Israéliens sont prêts à aller encore plus loin. Benyamin Nétanyahou ne cache pas son ambition d’appliquer le plan Trump et donc d’expulser la population palestinienne de Gaza si nécessaire, ce qui est évidemment contraire aux principes du droit international. Le président américain avait lancé, début février, l'idée d'une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la "Riviera du Moyen-Orient". Pour cela, ses habitants pourraient, selon lui, être déplacés vers l'Egypte et la Jordanie, deux pays voisins qui ont rejeté catégoriquement cette option. Ce projet a suscité de vives critiques dans le monde entier.
Mais le président américain reste aujourd’hui le seul capable de freiner les Israéliens. Donald Trump n’a pour le moment pas réagi.
Un nouveau système de distribution d'aide vivement critiqué par l'ONU
Le cabinet ministériel élargi a annoncé, en plus de cette nouvelle stratégie militaire à Gaza, avoir validé le principe d’un nouveau système de distribution d’aide alimentaire. C’est au sud de l’enclave que devraient être organisées ces distributions, après plus de 50 jours de blocus total. Des entreprises américaines protégées par des soldats israéliens seraient chargées de fournir des denrées en quantité limitée à des Palestiniens de Gaza triés sur le volet.
Le but est d’empêcher le Hamas ou d’autres groupes armés de s’emparer de l’aide. L’organisation islamiste a accusé lundi matin Israël d’utiliser l’aide humanitaire comme un moyen de chantage politique. Aucune ONG, ni agence des Nations unies ne participeront à l’opération et donc aucun pays donateur ne la financera. L’ONU dénonce un plan contraire aux principes humanitaires fondamentaux qui oblige des civils à se déplacer vers des zones à risque. Il n’y a de toute façon, depuis des mois, aucun territoire sûr à Gaza. La Défense civile a annoncé lundi matin la mort de 19 personnes dans plusieurs frappes dans le nord de l’enclave.