Ariège : le procès d’un chasseur pour “destruction d’espèce protégée” après avoir tué une ourse en 2021 relance les débats autour de la chasse

Un procès très attendu, qui ravive les tensions entre associations écologistes et chasseurs. André Rives, 81 ans, comparaît au tribunal correctionnel de Foix ce mardi 18 mars pour avoir abattu une ourse de deux coups de fusil en novembre 2021. Quinze autres chasseurs sont également poursuivis pour des infractions diverses au droit de la chasse.

La présidente du tribunal Sun Yung Lazare prévient, dès le début de l’audience : ce n’est ni le procès “des anti-ours ou des pro-ours”, ni celui “des pro-chasse ou des anti-chasse”. Pourtant, ça n’a pas manqué : tout au long de cette première journée de procès, le public soupire et s’agace chaque fois que le procureur ou les avocats de la partie civile mettent les chasseurs en difficulté. Il faut dire qu’en Ariège, l’affaire avait suscité de vives réactions de soutien : des chasseurs avaient manifesté devant la gendarmerie de Saint-Girons, durant les gardes à vue des prévenus.

Légitime défense ou destruction d’une espèce protégée ?

Pour comprendre les tensions que ce procès cristallise, il faut remonter trois ans en arrière, le 20 novembre 2021. En début d’après-midi, près du Rocher de l’aigle, dans une zone difficile d’accès des Pyrénées située à 1 300 mètres d’altitude, le chasseur se retrouve face à un bois. Deux oursons en sortent, suivis de près par leur mère. L’ourse charge le chasseur, le blessant aux jambes et le traînant sur plusieurs mètres. Puis il la tue de deux coups de fusil.

D’un côté, Julie Rover, avocate de 12 associations de défense des espèces protégées, parmi lesquelles Pays de l’Ours et France nature environnement, souligne que l’ourse tuée par le chasseur appartient à une espèce en voie d’extinction dans le massif pyrénéen. Elle insiste sur le fait que la disparition d’une femelle reproductrice de cette espèce est à la fois “grave” et “préjudiciable”. De l’autre, la défense des prévenus et Jean-Luc Fernandez, président de la fédération de chasse de l’Ariège, font état de “légitime défense” et appellent à ne “pas accabler” le chasseur.

“Votre obligation de chasseur est de savoir où vous chassez”

Une question reste, en revanche, difficilement défendable : la Réserve domaniale du Mont Valier, lieu sur lequel le chasseur s’est retrouvé nez à nez avec l’ourse, était une zone interdite à la chasse. L’enquête a par ailleurs confirmé que l’ourse avait été tuée à 400 mètres à l’extérieur de la zone de chasse autorisée. Alors que l’avocat de la défense, Charles Lagier, pointe une “signalisation biscornue”, l’un des deux responsables de la battue, de son côté, fustige une limite “mal marquée”. Des arguments aussitôt mis à mal par le procureur Olivier Mouysset : “Votre obligation de chasseur est de savoir où vous chassez”, a t-il martelé.

La ligne des avocats de la partie civile est claire : ils ne sont “pas opposées à la chasse”, mais exigent avec fermeté un respect des règles pour que cette dernière “ne nuise pas à l’environnement”. La décision du procès, qui doit durer jusqu’au mercredi 19 mars, devrait être mise en délibéré.

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