Christophe Gleizes détenu en Algérie : "Les dernières nouvelles sont satisfaisantes", confient les parents du journaliste, qui veulent aller le voir en août

Le journaliste français Christophe Gleizes, emprisonné en Algérie depuis un mois, "résiste", confient mercredi 30 juillet sur France Inter ses parents. Ce journaliste de 36 ans, spécialiste du football et travaillant pour le groupe So Press, a été condamné fin juin à sept ans de prison ferme en Algérie, notamment pour "apologie du terrorisme" et "possession de publications dans un but de propagande nuisant à l'intérêt national". La justice lui reproche d'avoir été en contact avec un dirigeant du club de foot de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), par ailleurs responsable du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste par les autorités algériennes en 2021.

Sylvie et Francis Godard, la mère et le beau-père de Christophe Gleizes, ont de ses nouvelles via son avocat algérien. "Les dernières nouvelles sont satisfaisantes, il a le moral, il se lève tôt, lit Stendhal et Victor Hugo, il résiste", raconte sa maman. "Il résiste donc nous, en tant que parents, on le suit dans ce combat et on essaye d'être à la hauteur de Christophe."

Ils vont déposer jeudi une demande de visa pour lui rendre visite. "Le Quai d'Orsay va agir avec le consulat d'Alger à Paris pour nous faciliter l'obtention de ces visas. Nous espérons lui rendre visite très vite, courant août", détaille Sylvie Godard. La compagne du journaliste et son frère ont également fait une demande de visa. La condamnation de Christophe Gleizes le 29 juin dernier a "estomaqué" sa famille. Elle intervient en plein pendant les tensions entre la France et l'Algérie au sujet notamment de l'écrivain Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison en Algérie pour "atteinte à l'unité nationale". 

"Christophe se trouve pris dans une sorte d'imbroglio politico-judiciaire qui dépasse complètement le travail qu'il est en train de faire. Il est la victime d'instrumentalisation politique."

Francis Godard, beau-père de Christophe Gleizes

sur France Inter

"Il y a eu un amalgame qui a été fait entre les deux affaires puisque le calendrier était très concomitant", souligne Sylvie Godard. "S'il n'y avait pas eu l'affaire Boualem Sansal, je crois qu'il aurait été moins condamné." Christophe Gleizes est aujourd'hui "le seul journaliste français détenu à l'étranger", rappelle Thibaut Bruttin, directeur général de Reporters sans frontières (RSF). "On a regardé dans les archives, on ne sait pas à quand remonte une condamnation effective aussi lourde", souligne-t-il. "Tout cela au terme d'une procédure qui, à bien des égards, est ubuesque." Pour lui, "la justice algérienne s'est laissée contaminer par la politique".

Le directeur général de RSF demande un procès en appel "rapide" et "qui permette de clarifier ce qu'il en est du dossier de Christophe : il n'y a rien dans ce dossier, ce journaliste n'a rien à faire en prison", insiste-t-il. "Il faut que Christophe retrouve les siens, tout cela n'a que trop duré."

Ses proches espèrent un soutien de Zinédine Zidane

De leur côté, la mère et le beau-père de Christophe Gleizes appellent les autorités françaises à jouer la carte de l'apaisement avec l'Algérie. Ils attendent de la diplomatique française "qu'elle ne mette pas d'huile sur le feu, car c'est dans l'apaisement de nos relations diplomatiques avec l'Algérie qu'on pourra trouver une issue, et certainement pas dans un affrontement", souligne Francis Godard. "Gardons toujours espoir dans l'idée que nos gouvernements respectifs arriveront à trouver les voix du dialogue." 

La date du procès en appel n'est pas encore connue mais en cas de nouvelle condamnation, la famille espère une grâce présidentielle. La mère de Christophe Gleizes a d'ores et déjà rédigé "une lettre de grâce pour le président Tebboune". "Je fais appel à sa mansuétude pour pouvoir libérer Christophe au plus vite", confie-t-elle.

Ses proches espèrent aussi un soutien du monde du football et particulièrement de Zinédine Zidane, né de parents algériens. C'est "un monument, une légende pour Christophe, donc un petit mot de soutien, ce serait important pour lui", plaide sa maman.