Fin de la grève Radio France, les salariés obtiennent des concessions de la part de Sibyle Veil mais restent vigilants
La victoire n’est pas totale, mais dans le contexte, elle est satisfaisante pour les salariés de Radio France. Leurs représentants syndicaux ont signé hier un protocole de fin de grève, après plusieurs jours de perturbations des antennes pour protester prioritairement contre le projet de réforme de la grille et la baisse des moyens de production. Après avoir consulté les salariés lors d’une assemblée générale, lundi, les syndicats (CGT, CFDT, FO, SNJ, Sud et Unsa) ont annoncé un retour à la normale dès ce mardi.
L’intersyndicale se félicite que « l’écoute et la confiance que la direction doit aux salariés et à leurs représentants » aient été rétablies. « Nous en étions loin avant la grève », estiment les syndicats, qui rappellent qu’il aura fallu attendre le 27 août, alors que la direction était prévenue depuis des mois du mécontentement, pour qu’elle ouvre le dialogue. « Unis jusqu’au bout » ils ont néanmoins obtenu « une négociation à la hauteur des enjeux ».
Des revendications acceptées
Les organisations syndicales ont obtenu d’être informées des projets réels de la direction concernant la stratégie de diffusion, « sans attendre la fin de l’année (quand il sera trop tard) ». Même promesse concernant « la transparence des données économiques » : la direction s’est engagée à fournir les éléments demandés pendant la grève (coûts et missions des entreprises extérieures et cabinet de conseil, précisions sur l’évolution du coût des strates managériales). La stratégie éditoriale du groupe était elle aussi questionnée.
Les syndicats demandaient des comptes sur le fonctionnement de la cellule investigation : la direction devra désormais en « rendre compte aux élus », comme de « la possibilité pour les journalistes de continuer à travailler sur des enquêtes de longue durée et de pouvoir les diffuser à un rythme adapté ». Plus globalement, pour préserver la force éditoriale des chaînes, « la direction s’est engagée à ne pas réduire (leurs) moyens en cours de saison, quelles que soient les contraintes qui pourraient peser sur le budget 2026 ».
Elle a également promis des réunions dédiées aux « volumes de production (reportage, fiction, musique, etc.) », afin de « repartir de l’exercice des métiers et du maintien des compétences ». Avant la grève, commentent les syndicats, « sur tous ces sujets la direction ne voulait même plus entendre les représentants des salariés ».
D’autres problèmes, plus spécifiques mais non moins importants, ont été abordés durant ces négociations. Et bien que pas entièrement réglés, l’intersyndicale pointe des avancées. L’avenir des salariés de Mouv’ en attente d’un poste, par exemple : ils ont obtenu que la commission de suivi se tienne « jusqu’au reclassement de la totalité des salariés en CDI » et prenne également en compte les pigistes.
Les salariés restent vigilants
Les instances du personnel seront aussi informées de la grille et du fonctionnement de l’antenne pour cette saison, ainsi que de toute évolution « à la fin de l’année au moment de l’arrêt de la diffusion en DAB + ». Les discussions ont également permis l’arrêt du projet d’évolution de captations de concerts « qui menaçait le métier de réalisateur » : « les discussions vont devoir reprendre avec les professionnels concernés et les organisations syndicales. »
Enfin, les locales du réseau ICI, dont la direction a ignoré jusqu’ici les nombreux courriers, vont pouvoir « reprendre la main sur les changements » qu’elle voulait leur imposer. Grâce à la mobilisation « très forte » sur le réseau, notent les syndicats, « le principe de l’horloge unique (qui imposait les mêmes tranches horaires à toutes les locales pour diffuser des émissions nationales depuis Paris, NDLR) sera abandonné au profit d’une plus grande autonomie des équipes pour déterminer, locale par locale, une grille de substitution ». Direction et représentants des personnels se reverront à l’automne au sein de chaque station pour finaliser les contours de ces grilles « au plus tard à la rentrée de janvier 2026 ».
« Les salariés vont enfin récupérer la responsabilité de choix très importants pour leur avenir », estime l’intersyndicale. À leur direction maintenant de tenir sa parole, prévient-elle. Elle estime avoir, aux côtés des salariés, « démontré leur force ». Et de prévenir que « si la direction tentait de trahir ses engagements, la mobilisation (reprendrait) ». Sans augurer d’un retour probable des discussions parlementaires sur le projet de holding entre radio et télévision publique, qui pousserait à nouveau les salariés de l’audiovisuel public dans la rue…
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