Festival Paris l'été : une artiste se retrouve suspendue au-dessus du vide dans le spectacle "Rouge Merveille"

Le Festival Paris l'été se déroule du 12 juillet au 5 août 2025, l'occasion pour le public de découvrir en plein air et gratuitement Rouge Merveille de la compagnie Rhizome. Un spectacle à couper le souffle, où l'interprète est suspendue dans le vide.

Passée par le centre national des arts du cirque, Chloé Moglia développe depuis 2007 l'art subtil et risqué de la suspension. Dans Rouge merveille, c'est l'une de ses solistes, Mélusine Lavinet-Drouet qui s'élève au-dessus du public, en évoluant sur une structure métallique en forme de Y. Un spectacle qui a toute sa place dans l'espace public. "Un peu comme des événements dans la rue, on s'arrête et on regarde, il faut que ça puisse s'attraper aussi de cette manière-là, de façon toute simple, sans filtre, comme celui de rentrer dans un théâtre, explique Chloé Moglia. C'est quelque chose de plus direct. Il faut que ça soit pris dans le cours de la vie."

"On peut avoir accès à quelque chose de lumineux, même quand le bras tremble"

Pendue dans le vide par une seule main, Mélusine Lavinet-Drouet ouvre un livre, sort une gourde et se désaltère, interagit avec le public, la musique et dégage une incroyable sensation de facilité. "Ça reste très sollicitant, observe Chloé Moglia. D'ailleurs, on sent, elle respire pendant et tout ça. Mais il y a quelque chose où à force de travail, on peut vraiment simplifier. Du coup, je trouve que la sensation de facilité est du fait que Mélusine a vraiment nettoyé beaucoup d'intentions résiduelles, qui des fois parasitent les mouvements, fait qu'on met frein et accélérateur en même temps, on force quelque part tout en voulant relâcher tout. Une fois que ça s'est clarifié, ça devient plus clair, plus simple ? Ça n'en est pas moins très très sollicitant."

Cette aisance nous éloigne de la performance au profit de la poésie de l'instant. L'air devient matière quand les mouvements s'appuient sur le vide et que le corps, ô combien musclé, qu'on regarde, prend des postures qui défient la gravité. "Quand le bras tremble et qu'on est dans une situation de grande contrainte, au-dessus du vide, il y a le danger, il y a l'effort, est possible d'être encore absorbé dans de la poésie à ce moment-là ? Même quand c'est un peu chaud patate, on va dire. Dans la vie, c'est beaucoup plus large que pour les suspensives. Ça nous arrive à toutes et tous. Est-ce qu'on a encore un accès au poème à ce moment-là ? Donc oui, je crois qu'on peut avoir accès à quelque chose de bien lumineux là-dedans, même quand le bras tremble."