Meurtre de Thomas à Crépol : trois individus déférés devant les juges d’instruction
Près de quatre mois après le meurtre de Thomas, ce rugbyman de 16 ans, à un bal d’hiver dans le petit village de Crépol (Drôme), l’enquête confiée à deux juges d’instruction du tribunal de Valence fait un bond en avant. Alors que onze nouveaux suspects ont été interpellés lundi dans le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère, trois d’entre eux sont déférés devant les magistrats ce jeudi après-midi, à l'issue de leur garde à vue, a appris Le Figaro du parquet de Valence.
Face aux juges, ils devront répondre de leur implication potentielle dans cette violente bagarre, alors qu’une fête bonne enfant touchait à sa fin. Celle-ci avait démarré à l’intérieur de la soirée pour un motif futile entre un jeune rugbyman et un autre du quartier sensible de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, où Thomas étudiait. L’altercation s’était ensuite déportée devant la petite salle des fêtes, avant de virer à la bagarre généralisée, puis de prendre un tour dramatique quand des individus opposés aux rugbymen ont alors sorti des couteaux. Outre Thomas, huit personnes ont été blessées ce soir-là, dont quatre gravement.
Le meurtre de l’adolescent, dernier fils d’un couple de restaurateurs de la Drôme, avait par la suite suscité une vive émotion des habitants des villages avoisinants et de Romans-sur-Isère, située à une quinzaine de kilomètres de Crépol, au point de prendre une ampleur nationale pendant plusieurs semaines. Le quartier sensible de la Monnaie, à Romans, avait ensuite été pointé comme le lieu de résidence de plusieurs des membres de cette bande d’adolescents hostiles lors de la soirée. Par la suite, 9 premiers individus - dont trois mineurs - avaient été interpellés puis mis en examen pour «meurtre en bande organisée», «tentatives de meurtre» ou «violences en réunion».
Auteur du coup mortel inconnu
Pour l’heure, la question de savoir qui a porté le coup de couteau mortel à Thomas demeure encore le mystère majeur de l’enquête, qui débute tout juste. Les enquêteurs s’étaient un temps concentrés sur un individu, Chaïd A., 20 ans, avant de se déporter successivement sur d’autres mis en cause. L’exploitation des données téléphoniques pourrait aussi apporter des réponses précieuses, notamment pour déterminer si les jeunes de la Monnaie étaient tous présents dès le début de la soirée de Crépol, ou s’ils ont été rejoints par des renforts armés alors que la bagarre dégénérait, comme l’indiquait au Figaro une source proche du dossier, en décembre dernier. Compte tenu du nombre de personnes présentes ce soir-là - plusieurs centaines - et du chaos qui y régnait, les éléments de la scène de crime s’avèrent complexes à exploiter.
Parmi les onze personnes interpellées ce lundi, six ont été remis en liberté, précise aussi le parquet de Valence dans son communiqué. Les deux derniers restent pour l’heure en garde à vue. Celle-ci peut s’étendre jusqu’à 96 heures, soit à demain dans la matinée.