Trump et Poutine, un sommet qui ne règle rien

Une rencontre « extrêmement productive », des pourparlers « constructifs » et « respectueux », des échanges « très approfondis et utiles »… Derrière ces belles paroles, peu de résultats tangibles : Donald Trump et Vladimir Poutine ont quitté l’Alaska sans accord et c’est surtout le flou qui prédomine, après un sommet qui se voulait historique en laissant entrevoir la possibilité d’une avancée concrète vers un accord de paix mettant fin à la guerre en Ukraine.

« Beaucoup de progrès » ont été réalisés, a estimé le président états-unien, assurant lors de ses cinq minutes de déclarations qu’il reste « très peu » de points à régler, lors de la conférence de presse qui a suivi sa réunion de près de trois heures avec son homologue russe.

« Nous nous sommes mis d’accord sur de nombreux points. Il n’en reste que très peu, certains ne sont pas très importants, mais l’un d’entre eux est probablement le plus important », a déclaré le président républicain sans donner de détails, tout en soulignant que « nous n’y sommes pas encore arrivés, mais nous avons de très bonnes chances d’y parvenir ». Et de reconnaître : « Il n’y a pas d’accord tant qu’il n’y a pas d’accord. »

Soulagement pour Kiev et les capitales européennes

« Nous espérons que l’entente que nous avons conclue (…) ouvrira la voie à la paix en Ukraine », avait déclaré Vladimir Poutine quelques minutes auparavant, à ses côtés et face à de nombreux journalistes qui n’ont pas été autorisés à poser de questions.

Assurant que son pays était « sincèrement intéressé à mettre fin » au conflit qui l’oppose à l’Ukraine depuis février 2022, le locataire du Kremlin, qui s’est exprimé durant sept minutes, a salué la volonté de son homologue américain de contribuer à la résolution du conflit en en comprenant l’essence et les origines. « Pour que le règlement (du conflit) soit durable et à long terme, toutes les causes profondes de la crise (…) doivent être éliminées », a-t-il déclaré, soutenant que « les préoccupations légitimes de la Russie doivent être prises en compte » et qu’un « équilibre équitable doit être rétabli dans le domaine de la sécurité en Europe et dans le monde en général ».

Le président russe a aussi appelé Kiev et ses alliés européens à ne pas « créer d’obstacles » au processus de règlement engagé avec les États-Unis, avant de conclure la conférence de presse commune en invitant Donald Trump à une prochaine rencontre à Moscou.

La balle dans le camp de Kiev et des Européens ?

Si la rencontre n’a pas débouché sur le tant attendu cessez-le-feu ou encore sur l’engagement ferme d’une rencontre trilatérale incluant le président ukrainien Volodymyr Zelensky, celui-ci et ses alliés européens peuvent néanmoins pousser un soupir de soulagement, car c’est aussi le pire qui aura été évité : être mis devant le fait accompli avec un Trump s’engageant pour l’Ukraine à céder en matière de territoires.

Dans une interview à la chaîne Fox News donnée juste après sa rencontre avec Poutine, Trump a déclaré que la résolution du conflit dépendait « maintenant vraiment du président Zelensky ; et je dirais également les pays européens, ils doivent s’impliquer un petit peu ».

Ce samedi, le président états-unien a informé son homologue ukrainien de l’issue de sa rencontre avec Vladimir Poutine, a annoncé une porte-parole de la Commission européenne. Un appel d’« un peu plus d’une heure » auquel se sont joints des dirigeants européens, notamment la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, le premier ministre britannique Keir Starmer et le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte.

Vers la conclusion d’un accord de paix sans passer par un cessez-le-feu ?

« Il a été établi par tous que la meilleure façon de mettre fin à l’horrible guerre entre la Russie et l’Ukraine est de conclure directement un accord de paix, qui mettrait fin à la guerre, et non un simple accord de cessez-le-feu », a par la suite posté Donald Trump sur son compte Truth Social, peu avant 11 heures du matin (heure de Paris).

Une annonce qui va à l’encontre d’un engagement convenu plus tôt cette semaine entre le locataire de la Maison Blanche et les dirigeants européens : celui de refuser toute discussion sur les termes d’un plan de paix sans cessez-le-feu préalable. Alors que l’Ukraine souhaite que les combats cessent avant tout début de négociations, la Russie, en position de force sur le terrain, semble parier sur des pourparlers qui ne freinent pas ses avancées militaires. Son armée aurait d’ailleurs lancé, selon Kiev, 85 drones et un missile sur les régions ukrainiennes de Soumy (nord-est), Donetsk (est), Tcherniguiv (nord) et Dnipropetrovsk (centre-est), pendant la nuit de vendredi à samedi, au moment où se tenait en Alaska la rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump.

Confirmant l’annonce faite quelques heures auparavant par Volodymyr Zelensky selon laquelle celui-ci se rendra à Washington dès lundi afin de discuter du règlement du conflit, Donald Trump a assuré, « si tout se passe bien », la prochaine organisation d’une « rencontre avec le président Poutine » qui pourrait « sauver la vie de millions de personnes », sans préciser où elle se tiendrait, ni si elle inclura la partie ukrainienne.