L'Ukraine réclame un cessez-le feu avant de discuter directement avec la Russie

L'Ukraine est prête à discuter directement avec la Russie, mais seulement après une trêve : voilà la réponse de Volodymyr Zelensky à Vladimir Poutine. "Après un cessez-le-feu, nous sommes prêts à nous asseoir (pour des négociations, NDLR) sous n'importe quel format", a déclaré mardi 22 avril le président ukrainien au cours d'une conférence de presse à Kiev.

La veille, son homologue russe avait évoqué une possible reprise de pourparlers directs avec l'Ukraine pour parler d'une trêve limitée aux frappes sur les infrastructures civiles.

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Américains, Ukrainiens et Européens doivent justement discuter mercredi à Londres d'une cessation des combats en Ukraine, après plus de trois années de guerre.

Trump s'impatiente

Les dernières discussions directes entre des représentants russes et ukrainiens remontent au printemps 2022, au début de l'invasion déclenchée par le Kremlin, et se sont soldées par un échec. Washington de son côté mène des discussions séparées avec Kiev et Moscou.

Le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, le 21 avril 2025 à Washington
Le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, le 21 avril 2025 à Washington © Brendan SMIALOWSKI / AFP

Le dialogue avec la Russie repose sur Steve Witkoff, un homme d'affaire promu négociateur en chef de Donald Trump, attendu à Moscou avant la fin de la semaine pour ce qui sera son quatrième voyage en Russie depuis la relance des relations russo-américaines initiée mi-février par le président républicain. La discussion avec Kiev est menée par un autre émissaire américain, Keith Kellogg, qui représentera les États-Unis mercredi à Londres.

Donald Trump "est de plus en plus frustré par les deux parties dans cette guerre, et il l'a vraiment fait savoir", a dit mardi sa porte-parole Karoline Leavitt. Selon plusieurs médias américains, Donald Trump serait prêt à reconnaître la souveraineté russe sur la Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014.

Volodymyr Zelensky s'est déclaré mardi "prêt" à le rencontrer au Vatican, où tous deux doivent assister aux obsèques du pape prévues pour samedi. Il s'agirait de leur première entrevue depuis un échange particulièrement acrimonieux en février à la Maison Blanche.

Le président ukrainien a précisé que Kiev n'avait pas de discussions avec les États-Unis sur une nouvelle aide militaire et ne recevait de ce pays que l'assistance accordée sous le précédent président américain, Joe Biden.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a de son côté convoqué mardi l'ambassadeur de Chine pour lui faire part de ses "graves inquiétudes" concernant, selon Kiev, la présence de combattants chinois dans l'armée russe et l'aide d'entreprises chinoises à la Russie pour fabriquer du matériel militaire.

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Yevhen Perebyinis, "a appelé la partie chinoise à prendre des mesures pour cesser de soutenir la Russie dans son agression contre l'Ukraine", selon le ministère.

Le Kremlin temporise

Si Donald Trump s'impatiente, Vladimir Poutine semble lui considérer que le temps joue en sa faveur. Malgré de lourdes pertes, l'armée russe avance, lentement, dans l'est de l'Ukraine, et contrôle près de 20 % de son territoire. Les forces de Kiev ont été presque entièrement chassées de la région frontalière russe de Koursk, et Donald Trump a impulsé un rapprochement avec le Kremlin.

Le président russe Vladimir Poutine au Kremlin, le 22 avril 2025 à Moscou
Le président russe Vladimir Poutine au Kremlin, le 22 avril 2025 à Moscou © Kristina Kormilitsyna / POOL/AFP

Le président russe maintient donc des demandes maximalistes : une capitulation de facto de l'Ukraine, qu'elle renonce à rejoindre l'Otan, et les cinq régions ukrainiennes annexées. Autant de conditions inacceptables pour Kiev et ses alliés - au premier rang desquels les Européens.

Après une attaque de drones russes à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine, le 22 avril 2025
Après une attaque de drones russes à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine, le 22 avril 2025 © SERGEY BOBOK / AFP

Plus largement, Vladimir Poutine voudrait revoir l'architecture sécuritaire en Europe, lui qui n'a cessé de dénoncer l'expansion de l'Otan aux frontières russes depuis la dislocation de l'URSS en 1991. Son porte-parole, Dmitri Peskov, a souligné mardi qu'arriver à la paix était "un sujet tellement complexe" qu'il ne valait "probablement mieux pas fixer de délai serré".

Avec AFP