«On peut intervenir très vite et très tôt» : avec les unités mobiles de périnatalité, anges gardiens des familles
On s'était figuré une vie précaire, une mère déprimée. Dans son appartement aux poutres apparentes, la jeune femme élégante câline sa fille. «Elle joue à cache-cache toute seule maintenant». La psychologue et l'éducatrice de jeunes enfants l’écoutent, posent des questions badines : «quand elle fait tomber des objets, vous avez peur ?» Non. Et tant mieux, Angélique, neuf mois, fera tomber deux fois la chaise pendant le rendez-vous. Ce genre de visite, sa mère Mathilde* en reçoit depuis un an, depuis la survenue d’une dépression au milieu de sa grossesse. Son récit, pudique, balaie les jours sombres. «C’est fou mais la tristesse a disparu dès que j'ai tenu ma fille contre moi. Aujourd'hui je vais bien.»
Dans la rue une demi-heure plus tard, on s'étonne du profil. Quand on a entendu parler du travail «des équipes mobiles d'intervention précoce périnatale» vouées à prévenir la survenue du stress chez l'enfant qui peut, s'il est très fort, s'installer pour la vie, on ignorait qu'il s'adressait à tous les parents dans une passe délicate, sans critère de sélection sur le milieu social. Ni qu’il pouvait perdurer même quand la famille semblait remise sur pied. La psychologue et l’éducatrice de jeunes enfants partagent un sourire. Il semble vouloir dire : vous ne savez pas tout…