Pourquoi les terres rares et métaux critiques sont de plus en plus indispensables... et convoitées
L’expression« terres rares » est depuis quelques jours dans toutes les bouches... Elle est revenue dans l’actualité en raison de la volonté du président Donald Trump de conditionner le maintien de l’aide militaire américaine à l’Ukraine à un approvisionnement massif des États-Unis dans ce domaine. Techniquement, les terres rares correspondent à 17 métaux du tableau périodique des éléments : le scandium, l’yttrium et la famille des lanthanides. Ils présentent des propriétés voisines, et sont indispensables, même si les quantités nécessaires sont très faibles, pour la fabrication de nombreux objets, dont les aimants permanents des éoliennes ou des moteurs électriques, les piles à combustible ou les lampes basse consommation ou les disques durs.
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La Chine, acteur ultra-dominant des terres rares
Contrairement à leur nom, ces éléments ne sont pas particulièrement rares à la surface du globe. En revanche, les extraire est souvent particulièrement agressif pour l’environnement. Depuis de nombreuses années, la Chine s’est spécialisée dans ce domaine. Ce qui lui permet, en outre, de le faire à des prix compétitifs. Près de la moitié des réserves dans le monde sont situées dans l’Empire du Milieu. Mais sa place dans le monde est bien plus importante puisque le pays extrait et raffine près de 90% de la production mondiale.
En outre, on parle également de plus en plus de « métaux critiques ». Cette notion fait référence aux réserves mondiales, aux quantités disponibles à un instant donné et à la répartition géographique desdites quantités. Surtout, les métaux dits critiques évoluent dans le temps. L’émergence de la voiture électrique a ainsi rendu critique le lithium, le cobalt et le nickel nécessaires pour fabriquer les batteries. De même, le développement des énergies renouvelables et l’électrification des usages d’une manière générale rendent critique le cuivre dont on fait les câbles électriques. Techniquement, les terres rares font d’ailleurs partie des métaux critiques, même si on fait souvent la différence entre les deux.
15 ans pour mettre en service une mine de cuivre
Les réserves mondiales de ces métaux critiques semblent aujourd’hui largement suffisantes pour répondre très longtemps aux besoins. Le problème vient plutôt de l’évolution des quantités extraites par rapport à l’évolution de la demande. Il faut par exemple une quinzaine d’années pour qu’une nouvelle mine de cuivre entre en production. L’offre et la demande évoluent à des rythmes beaucoup plus rapides. Dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs. Le ralentissement de la pénétration des véhicules électriques a ainsi provoqué une forte chute des cours de lithium l’an dernier.
L’Europe, et particulièrement la France, est dépourvue en gisements de métaux critiques. L’une des solutions régulièrement mise en avant pour faire face à la hausse de la demande de long terme se trouve dans l’augmentation du recyclage. En octobre dernier, le fabricant de câble Nexans a annoncé qu’il allait augmenter les capacités de recyclage de son usine de Lens de 50%, pour les porter à 80.000 tonnes de cuivre par an. Mais, là aussi, les investissements dépendent des conditions économiques du moment. Le groupe minier Eramet a ainsi renoncé, pour l’instant, à un projet de recyclage de batteries de voitures électriques en raison de la dégradation de ce marché.