Mars, Coca-Cola, Nestlé... La ville de San Francisco poursuit des géants de l'agroalimentaire

C'est une grande ville américaine qui part en guerre contre la malbouffe. La ville de San Francisco, aux Etats-Unis attaque en justice dix grands groupes agroalimentaires, accusés de provoquer une crise sanitaire dans le pays.

Parmi ces groupes, on trouve Coca-Cola, PepsiCo, Nestlé, Kraft Heinz-Company, Kellog ou encore Mondelez International. Le procureur de San Francisco David Chiu a présenté l’action en justice mardi 2 décembre à la mairie, avec tout autour de lui des gâteaux, des céréales, des plats surgelés et d’autres nourritures ultratransformées.

Une procédure inédite

Cette action en justice est décrite par la presse américaine comme une première historique. David Chiu accuse tous ces géants de l’agroalimentaire de pratiques commerciales trompeuses et surtout, selon lui, leur nourriture transformée est mauvaise pour le corps humain, provoquant des maladies chroniques, comme le diabète, des maladies cardiovasculaires, le cancer du côlon ou même la dépression. Pire, selon David Chiu, ces entreprises ont bien conscience de la crise sanitaire qu'elles ont engendrée, "elles en ont tiré d'énormes profits, et maintenant elles doivent assumer la responsabilité des dommages qu'elles ont causés", explique le procureur.

Ce constat rejoint le cliché collectif de l’Américain obèse et des allées de supermarchés remplies de chips ou de sauces. Une étude du centre de prévention et de contrôle des maladies a révélé cet été qu’une majorité des calories absorbées par une grande partie des Américains – en particulier les enfants - venaient de ces nourritures ultratransformées. 70% des produits que l’on trouve en supermarché aux Etats-Unis aujourd’hui contiennent des additifs comme du sucre ou du sel. Autre chiffre inquiétant, 20% des enfants américains seraient obèses aujourd’hui, soit quatre fois plus que dans les années 1970. C'est justement, à partir des années 1980 que ces nourritures transformées ont pris de l’ampleur dans le pays. Mais une étude de la revue Lancet suggère que le phénomène touche désormais le monde entier.

Le soutien de l'administration Trump ?

Cette affaire rappelle les procès intentés contre l’industrie du tabac dans les années 1990, avec cette idée que des grands groupes ont consciemment rendu des consommateurs accros à des produits qu’ils savaient mauvais pour la santé. Un lobby représentant plusieurs marques a réagi à cette action en justice affirmant qu’il n’y avait pas de consensus scientifique sur la définition de nourriture ultratransformée et qu’on ne pouvait pas simplement clamer que ces nourritures étaient mauvaises pour la santé. Cette année, un juge de Philadelphie a donné tort à un adolescent victime de diabète qui accusait la nourriture ultratransformée de l’avoir rendu malade.

Mais San Francisco a déjà gagné des dizaines de millions de dollars en dommages et intérêt dans d’autres dossiers de santé publique. Et dans ce cas précis, la ville va peut-être compter sur l’administration Trump et son ministre de la santé Robert Kennedy Jr, aux positions controversées sur les vaccins, mais en guerre, lui aussi, contre la malbouffe.