« En 10 ans, la consommation de cocaïne a été multipliée par 3 » : comment la drogue a fait son trou en milieu rural

Chalais (Charente), envoyé spécial.

Il n’a rien d’un toxicomane, tout comme la région de Chalais n’a rien d’un point de deal. Du moins tel qu’on peut les imaginer. Thibaut1 a la trentaine avancée, de larges épaules, un crâne trop dégarni à son goût. Sur ses mains, des traces noires, de la graisse. Celle des véhicules qu’il répare quotidiennement.

À Orival, Rouffiac ou Bellon, villages charentais alentour garnis de quelques centaines d’âmes. « En attendant mieux, je rends service contre un billet, on se débrouille. Je ne suis même pas mécano ! » sourit-il, encapuchonné. Mieux ? Un boulot stable et durable. N’importe où, sur un chantier, dans une cuisine, sous un châssis. Tout ce qui l’éloignera du RSA et le rapprochera d’un Smic.

Pour ne pas risquer d’être reconnu ou entendu, Thibaut nous a donné rendez-vous sur le parking d’un supermarché qu’il ne fréquente pas. « J’aimerais ne pas passer pour le drogué du coin, souffle-t-il. La drogue est partout ici, mais personne ne veut se l’avouer. »

Sa première fois, c’était il y a quatre ans, après une soirée billard. Un rail de coke proposé par deux copains autour d’une table, entre pizzas et cendrier. Sa dernière fois, c’était ce matin, seul. Comme toujours désormais. De la...