REPORTAGE. Dermatose nodulaire : en Haute-Garonne, la solidarité des éleveurs pour endiguer la maladie

Pour lutter contre la dermatose nodulaire contagieuse, 400 000 doses de vaccin sont attendues jeudi après-midi à Toulouse, en provenance des Pays-Bas. Ces vaccins seront mis à disposition des départements touchés par l'épidémie.

Dans le village de Cérizols, aux confins de l'Ariège et de la Haute-Garonne, Michel et Lucas Dedieu, le père et le fils, travaillent ensemble. Leur ferme est située tout près d'un foyer de contamination. "Le village de Touille est derrière cette colline, explique Michel. À vol d'oiseau, je dirais quatre kilomètres. On est tout près." Et Lucas, le fils, de préciser : "Autant dire que le jour où on a appris la nouvelle, ça nous a encore plus mis au fond. À partir d'aujourd'hui, on commence à être un peu plus soulagés". Mais fatigués. Comme le voisin, Nans André, venu aider, qui se frotte les yeux : "Oui, on a commencé de bonne heure ce matin, à 6 heures et demie". Et détaille l'entraide entre voisins : "On a commencé par chez nous, ensuite on est allés chez un autre voisin, puis on est venus ici. C'est le troisième éleveur. C'est le cabinet de vétérinaire qui donne les ordres. Leur but, pour perdre le moins de temps possible, c'est de vacciner village par village".

Les vaches de Michel et Lucas Dedieu, dans leur exploitation de Haute-Garonne. Décembre 2025 (JULIE MARIE-LECONTE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Les vaches de Michel et Lucas Dedieu, dans leur exploitation de Haute-Garonne. Décembre 2025 (JULIE MARIE-LECONTE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Une organisation quasi militaire pour vacciner

Alors, l'organisation est quasi militaire. Chacun son rôle et évidemment, aucune bête ne doit être oubliée. Elles ont toutes un numéro d'identification, le numéro de registre. Lucas Dedieu détaille la méthode : "Dans l'ordre, il y a mon père qui tranquillise les vaches par sa présence, Il y a une éleveuse du village qui passe les aiguilles à la vétérinaire, la vétérinaire pique puis elle met les aiguilles usagées dans une bouteille. Et un autre agriculteur du village, accompagné de mon apprenti, coche au fur et à mesure les numéros du registre bovin de l'exploitation pour bien vérifier qu'on a bien vacciné tous les animaux de l'exploitation".

"Si mon voisin ne vaccine pas parce qu'il n'y a pas assez de personnes pour l'aider, et qu'une semaine après on détecte un cas et qu'on abatte le troupeau, je m'en voudrais de ne pas être venu l'aider."

Michel Dedieu, agriculteur

à franceinfo

Trois heures pour vacciner tout le troupeau, vaches, veaux, taureau. Plus de 200 bêtes au total. L'exploitation dépend largement de ses exportations. Mais cela, Lucas y pensera plus tard. "C'est vrai que si on ne peut pas exporter, on est on est foutu. C'est sûr qu'il y aura un problème économique, mais l'argent, on verra plus tard. Pour le moment, le plus important, c'est de sauver nos bêtes. Dans la situation actuelle, moi je ne pense que maladie, maladie, maladie." Et d'e reconnaître qu'il a "vraiment peur pour son troupeau".

Lucas Dedieu conclut qu'il ne reste plus qu'à croiser les doigts, le temps que le vaccin fasse pleinement effet.