Un monument inauguré à Nîmes en hommage à Bernard Lazare, premier défenseur du Capitaine Dreyfus

Un monument de 6 mètres de haut, détruit en 1942 par le régime de Vichy, a été reconstruit à l'identique en hommage à Bernard Lazare, journaliste écrivain qui fut le premier à s'engager dans la défense du capitaine Dreyfus. Il a été inauguré dimanche 14 décembre à Nîmes.

Ce monument, sur lequel apparaît le buste de Lazare dominant une figure allégorique féminine tenant un flambeau symbolisant la Vérité, a été réinstallé au sein des Jardins de la Fontaine à Nîmes, ville natale du journaliste, à l'occasion des 160 ans de sa naissance.

Réparer l'injustice

"C'était un devoir de mémoire républicain de réparer l'injustice faite à Bernard Lazare, journaliste premier défenseur du capitaine en cette année 2025", a expliqué à l'AFP David Storper, président du collectif Histoire et Mémoire. Le monument, d'abord caché sous un grand drapeau tricolore, a ensuite été dévoilé en présence notamment de Pierre-Olivier Perl, arrière-petit-fils d'Alfred Dreyfus.

Celui inauguré en 1908 dans ces mêmes jardins avait été l'une des premières œuvres publiques en France honorant une figure dreyfusarde. Il avait fait l'objet de nombreuses attaques antisémites et royalistes et avait été vandalisé à plusieurs reprises avant sa démolition en 1942 sous le régime collaborationniste de Vichy.

Une loi d'élévation et une journée nationale

Bernard Lazare avait été l'un des journalistes parmi les plus ardents défenseurs du capitaine. Quand Émile Zola écrit sa lettre, Dreyfus, un des rares officiers juifs de l'armée française, a été condamné à la prison à vie pour "espionnage" et croupit depuis trois ans à l'île du Diable. Convaincu de l'innocence du capitaine, le journaliste anarchiste Bernard Lazare, bientôt suivi par des écrivains comme Charles Péguy, André Gide ou Marcel Proust, se bat pour la révision du procès, tout comme Zola.

Début novembre, le Parlement avait entériné une loi élevant Alfred Dreyfus au rang de général de brigade à titre posthume. Cette loi d'élévation, saluée par les descendants du "capitaine Dreyfus", vient s'ajouter à l'instauration d'une journée nationale de commémoration pour la reconnaissance de son innocence, chaque 12 juillet, annoncée cet été par Emmanuel Macron.