Dermatose nodulaire : la vaccination annoncée par la ministre de l'Agriculture est "une partie de la réponse" mais c'est "trop tardif" selon la Confédération paysanne

Face à la progression de la dermatose nodulaire en France, la vaccination de près d'un million de bovins annoncée par la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, samedi 13 décembre, sur ICI Occitanie (ex France Bleu) est "une partie de la réponse" attendue par les agriculteurs mobilisés, réagit, samedi après-midi, sur franceinfo Laurence Marandola, la porte-parole de la Confédération paysanne, "mais c'est trop tardif". Elle rappelle que son syndicat revendique cette proposition d'une vaccination plus large des animaux depuis six mois et que mardi, la ministre "disait encore non” à une vaccination globale lors du Parlement de l’élevage.

"Arrêtez le massacre, arrêtez l'abattage total" parce qu'il est “extrêmement cruel et douloureux pour les éleveurs", martèle Laurence Marandola, postée sur un barrage à Tarascon-sur-Ariège sur la nationale 20 où "200 agriculteurs" manifestent "depuis hier [vendredi] soir". Ces euthanasies sont "un drame pour les éleveurs. Il faut que la ministre recouvre la raison le plus vite possible", affirme-t-elle. La Confédération paysanne a d'ailleurs "proposé un protocole" qui passe par "de l'abattage ciblé, de la vaccination, de la prévention, de la vigilance", détaille Laurence Marandola.

L'abattage "n'empêche pas la maladie d'apparaître ici ou là"

La Confédération paysanne réfute l'efficacité de l'abattage total des troupeaux. Pour le démontrer, Laurence Marandola prend l'exemple de l'Ariège et d'un nouveau foyer déclaré "à plus de cent kilomètres" de là où plus de 200 bêtes ont été abattues, aux Bordes-sur-Arize, vendredi. Selon elle, l'abattage "n'empêche pas la maladie d'apparaître ici ou là". Laurence Marandola indique aussi que "la Suisse procède avec de l'abattage ciblé". Selon elle, ces abattages systématiques, "une épée au-dessus de notre tête" provoquent "des mouvements de panique chez les éleveurs" alors qu'ils savent "soigner des bêtes et gérer. Séparer des lots" lorsque c'est nécessaire.

Par ailleurs, "la vaccination, si elle n’a pas eu lieu jusqu'à présent, c'est pour des raisons scandaleuses, des raisons commerciales", dénonce l'agricultrice qui explique que "les bêtes vaccinées ne peuvent pas partir à l'export". En effet, un bovin vacciné ne peut être envoyé vers d'autres États membres de l'Union européenne et vers la Suisse que s'il est vacciné depuis au moins 28 à 60 jours, selon qu'il est plus ou moins loin d'un foyer épidémiologique. "C'est à cause de cette logique de marché que l'on est dans cette difficulté avec des cas qui surgissent de partout", déplore Laurence Marandola qui pointe du doigt une position tenue "par la ministre en accord avec la FNSEA", puissant syndicat agricole. Qu'un syndicat agricole se positionne en faveur "de l'abattage total est un coup de poignard dans le dos des agriculteurs", conclut-elle.

Entre le 29 juin et le 11 décembre, 110 foyers ont été détectés en France, en Savoie, Haute-Savoie, Ain, Rhône, Jura, Pyrénées-Orientales, Doubs, Ariège, Hautes-Pyrénées, selon le ministère de l'Agriculture. Un foyer en Haute-Garonne a été détecté ce vendredi (12 décembre). Un peu plus de 3 000 bovins ont été euthanasiés (sur un cheptel total de quelque 15 millions de bêtes). Comme la maladie est très contagieuse, la stratégie mise en place par l'Etat implique l'abattage de toutes les bêtes des foyers affectés, des restrictions de mouvements des troupeaux et jusqu'ici une "vaccination d'urgence" de tous les bovins dans un rayon de 50 km autour de la zone concernée.