L'arrivée de magasins Shein à Reims, Limoges, Grenoble ou Dijon notamment, avec à chaque fois des articles à très bas prix, importés d’Asie et fabriqués à des conditions sociales et environnementales déplorables provoque de nombreuses réactions. Tout comme l'ouverture, ce mercredi 5 novembre, du tout premier magasin physique mondial de la marque d'ultra-fast fashion au BHV Marais. Déjà chamboulés depuis des années et contraints de s’adapter au commerce en ligne avec les géants comme Amazon ou les hypermarchés, les associations de commerçants voient d’un très mauvais œil ce nouveau coup de boutoir sur leur activité. Le gouvernement a annoncé, d'ailleurs, qu’il engageait une procédure de "suspension" de la plateforme Shein suite au scandale de la vente de poupées sexuelles d’apparence enfantine.
En pleine polémique, un rapport pourrait aider l'exécutif. Commandé en mai 2025 par les anciennes ministres de la Ville, Juliette Méadel, et du Commerce, Véronique Louwagie, ce rapport a été remis mercredi à leurs successeurs Vincent Jeanbrun et Serge Papin. Rédigé par des acteurs de terrains, dont la maire de Saint-Quentin, Frédérique Macarez, et le patron de Coopérative U, Dominique Schelcher, le rapport dresse un état des lieux inquiétant du commerce de proximité et formule une trentaine de recommandations pour réimplanter des commerces essentiels en zone urbaine.
Élargir les pouvoirs des maires
Les auteurs du rapport déploient ce qu'ils appellent "une stratégie de reconquête commerciale" pour lutter contre la concurrence déloyale des plateformes en ligne et l’économie souterraine. Parmi leurs suggestions, on trouve une batterie de mesures dont une taxe de deux euros minimum sur les achats en ligne d’articles importés. Le fruit de cette taxe serait réorienté vers des programmes de revitalisation des centres-villes. Autre proposition, taxer les entrepôts logistiques des opérateurs internet comme les surfaces commerciales ou encore, plus en amont, déréférencer les plateformes non-européennes qui ne respecteraient pas nos règles sanitaires, environnementales et sociales.
L’une des propositions vise aussi à renforcer le pouvoir des élus locaux, car rien ne peut se faire de manière efficace sans intervention directe, sur le terrain. Le rapport suggère ainsi d’élargir les pouvoirs des maires pour toute nouvelle demande d’installation, en décidant, par exemple, d’alourdir la fiscalité sur les locaux commerciaux vacants.
Le sujet est difficile, car il mobilise une batterie de dispositions juridiques pointues. Le droit français s’applique à tous les opérateurs, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent. Impossible de favoriser ou pénaliser l’un ou l’autre, au risque d’être débouté par la justice, voire le Conseil constitutionnel garant depuis près de 70 ans de nos propres règles édictées par la République. Les plateformes étrangères le savent, d'ailleurs, très bien.